ANNULATION DE LA MONTEE DU CRET D’EAU / 17-06-12

Après 2011, nouveau coup du sort pour la célèbre épreuve

LA MONTEE DU CRET D’EAU DANS LA TOURMENTE !

Au grand dam de ses nombreux thuriféraires, la Montée du Crêt d’Eau, au départ de Bellegarde, ne se disputera pas ce dimanche 17 juin. C’est la deuxième fois d’affilée qu’elle n’aura pas lieu.
Mais contrairement à 2011 où elle avait été interdite en ultime ressort par la préfecture de Bourg-en-Bresse, l’annulation émane cette fois-ci du propre organisateur en la personne de Pierre-Louis Zajac. En filigrane, ce sabordage en bonne et due forme semble résulter d’un énorme malentendu avec les autorités de la réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura que sillonne la compétition.

C’est en 1999 que la Montée du Crêt d’Eau est portée sur les fonts baptismaux par l’association « Bellegarde Vals’Running » que dirige Pierre-Louis Zajac. Agé de 59 ans et conseiller d’éducation au lycée professionnel Saint-Exupéry de la cité bellegardienne, ce dernier est connu pour être un passionné et fin connaisseur de la course hors stade.
Seule authentique course de montagne du département de l’Ain comme l’attestent ses dimensions (14km pour 1360md+ et 620md-), cette équipée sauvage a connu son heure de gloire le 2 juin 2002. Cette année-là, elle servit en effet de support aux 14èmes Championnats de France remportés en un temps record (1h08’19) par cette icône qu’est le Réunionnais Raymond Fontaine.
Excepté les Championnats de France de 2002 où on dénombrait 663 inscrits, le rendez-vous draine bon an mal an une bonne centaine d’avaleurs de cime. Parmi eux, on y trouve les nombreux fidèles du Challenge de l’Ain de Course en Montagne et son pendant en Haute-Savoie, à savoir Oxygène, dont il constitue l’une des étapes incontournables.
Cependant, Pierre-Louis Zajac qui n’aura jamais cessé de s’investir corps et âme a toujours œuvré en solitaire, bien malgré lui hélas, les bénévoles ne s’étant jamais bousculés, tout au plus une vingtaine. Et c’est là précisément que surgit le talon d’Achille de cette équipée sauvage, en l’occurrence le manque d’encadrement qui engendrera de fâcheuses conséquences, à l’image des fourvoiements d’athlètes, comme en 2005, 2006 et même aux France de 2002. Survenant dans la descente peu matérialisée du crêt de la Goutte, toit du parcours à 1621m, ces égarements ne manquaient pas alors de fausser le classement final sans compter les réactions de mauvaise humeur des « brebis égarées ».

Délicate cohabitation
Mais il y a bien plus alarmant que quelques places de perdues et qui risque carrément de remettre en cause la pérennité de l’épreuve, ce qui occasionnerait un énième coup porté à la course de montagne, plus ou moins phagocytée de nos jours par le leadership du trail.
La Montée du Crêt d’Eau emprunte en effet sur 4,5km les 10 909ha de la réserve naturelle nationale de la haute chaîne du Jura, celle-ci renfermant un exceptionnel patrimoine faunistique et floristique. Créé le 26 février 1993, cet espace naturel, à la fois protégé et géré, comprend une réglementation rigoureuse.
Aussi, tout événement sportif s’invitant dans le périmètre classé se doit de solliciter une demande d’autorisation au service compétent de la réserve, concrètement au comité de suivi des travaux et des manifestations présidé par le sous-préfet de Gex. Requête qui au demeurant doit respecter une échéance de six semaines avant la réunion de ladite instance.
A vrai dire, ce dossier extrêmement sensible et complexe nécessite de disposer d’une solide équipe étayant de solides arguments en faveur d’une course de montagne à l’intérieur même du sanctuaire. Ce qui n’est pas le cas de Bellegarde Vals’Running où Pierre-Louis Zajac, surchargé de travail dans son établissement scolaire (1), est beaucoup trop esseulé. Du coup, celui-ci n’a pu adresser la demande d’approbation dans le délai imparti, à l’instar de l’année passée, ce qui avait alors provoqué l’interdiction de la compétition par la préfecture dont la réserve est placée sous son autorité.

Quiproco
Craignant un nouveau veto, le géniteur de la Montée du Crêt d’Eau a préféré abandonné le navire, affirmant : « Je n’ai pas eu de réponse de la part des responsables de la réserve naturelle. Aussi, je n’ai pas voulu prendre le risque d’engager des dépenses qui auraient creusé un déficit comme en 2011. »
Déclaration qui ne satisfait pas Simon Pauvert, directeur conservateur de la réserve, qui révèle : « Quand nous avons reçu la requête de Monsieur Zajac, il était trop tard pour adopter une résolution lors de notre assemblée du 9 mai. J’ai donc alerté le sous-préfet de Gex pour qu’il prône une solution d’apaisement. En clair, qu’il donne son aval à cet événement tout en mettant en garde l’organisateur d’une interdiction en 2013 si l’échéance est une nouvelle fois malmenée. Malheureusement, au moment même où allait être envoyée notre réponse favorable, nous avons appris que Monsieur Zajac avait jeté l’éponge. »
Aussi, espérons vivement que les divers protagonistes puissent l’an prochain dénicher un modus vivendi, et ainsi témoigner d’une étonnante conciliation entre sport outdoor et protection des écosystèmes. A condition toutefois que les compétiteurs en question respectent scrupuleusement Dame Nature et ses règles. Ils auront alors toutes les chances de ne pas y être ostracisés, et par ricochet, de pouvoir continuer à y assouvir leur flamme.

François Vanlaton pour le compte de la page locale de l’édition de Bellegarde et Pays de Gex du quotidien « Le Dauphiné Libéré », en date du samedi 16 juin 2012.

(1) Pierre-Louis Zajac est conseiller d’éducation au lycée professionnel Saint-Exupéry à Bellegarde.

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LA MONTEE DU CRET D’EAU SUR LE SITE WEB « TPS INFOS » :

Présentation et annulation de l’édition 2011 :
http://www.trail-running-savoie.fr/presentation-de-la-montee-du-cret-deau-19-06-11-10/

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