GAELLE DECORSE: L’AVENIR LUI APPARTIENT

Auréolée d’une belle médaille de bronze lors des championnats de France de Semi-marathon en 2016, c’est sur les sentiers que Gaëlle Decorse a brillé en 2017. 4ème du classement général du Trail Tour national court (TTN) et championne de France Espoir, celle qui vient de rejoindre le Team Provence Endurance s’affiche comme l’une des athlètes qu’il faudra suivre de près dans les années à venir. Portrait.

Née à Grenoble, le sport a toujours fait partie intégrante de la vie de Gaëlle Decorse. «J’ai la chance d’avoir des parents qui m’ont permis de tester plein de sports étant jeune. J’ai toujours fait du sport en club, que ce soit du ski, de la natation, du judo, du basket, du rugby… J’aime toucher un peu à tout et j’adore la compétition depuis toute petite. Jusqu’en terminale, je faisais du basket en club mais sans réelle passion. Depuis toute petite, les récits d’une amie de mes parents, Marie Paturel, qui parcourait les montagnes près de chez moi en courant et ne semblait jamais s’arrêter me passionnaient. Là ou j’ai fait mon lycée il n’y avait pas de club d’athlétisme, le plus proche était à Grenoble et ça faisait trop loin pour mes parents. Je participais cependant aux cross départementaux et régionaux UNSS et j’arrivais à me classer dans le top 20 en général».

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«Je suis arrivée en disant au coach : je veux faire du trail. Je me suis retrouvée sur la piste»

Pour l’actuelle étudiante à Polytech Clermont Ferrand en Génie Physique dans le but de devenir ingénieur matériaux et de pouvoir s’orienter dans la recherche et le développement en équipement sportif plus tard, le passage au trail s’est fait naturellement. «Durant l’été avant mon départ pour ma classe préparatoire à Clermont Ferrand, il y a 2 ans et demi maintenant, j’ai participé au Trail des Passerelles sur le petit parcours et ça a été le déclic. J’ai trouvé que je ne m’en étais pas trop mal sortie, et j’ai vraiment adoré ce type d’effort et les paysages. Lors de ma rentrée à Clermont Ferrand, j’ai donc décidé d’arrêter 10 ans de basket et de prendre ma licence en athlétisme, à l’ASPTT Clermont. Je me rappelle être arrivée en disant au coach: «j’aimerais faire du trail», et je me suis faite embarquer sur des séances pistes ou j’ai bien cru abandonner lors des premières semaines tellement je crachais mes poumons et tellement j’étais loin derrière. J’étais bien loin de me douter que pour faire du trail il fallait passer par tout cela».

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Cette première année en club fût donc une année d’adaptation, avec passage obligé par la route et la piste: «Le club dans lequel je suis est un club de routards et de pistards, nous avons donc des entraînements route et piste chaque semaine. Lors de ma première année d’athlétisme j’ai un peu tout essayé : 10km, semi-marathon, 800m… Mon entraîneur m’a convaincu qu’il fallait que je commence par travailler ma vitesse sur du court avant de me lancer sur plus long. Pour cette année, je ferai peut être un 10km vers mars pour me redonner une idée du chrono que je peux faire, mais la route et la piste ne m’attirent vraiment pas et, mis à part les entraînements sur piste, je ne pense pas refaire des compétitions cette année. J’ai envie de faire ce que j’aime, à savoir courir sur les sentiers».

Une saison 2017 de haute volée

Quand on lui demande si elle s’attendait à réaliser une telle saison, Gaëlle Decorse reste mesurée: «J’ai pu vraiment m’essayer au trail en 2017 avec mon passage en espoir et commencer des distances un peu plus longues qui me conviennent mieux. Mais honnêtement, je ne m’attendais pas à réaliser une si belle saison, je me suis entraînée tout l’été aux sensations, j’ai fait des trails pour le plaisir et ça n’a pas trop mal fonctionné». Pas trop mal fonctionné, c’est le moins que l’on puisse dire. Vainqueur du 45km de l‘UT4M (4ème au scratch) et vainqueur du trail bleu de l’EDF Cenis tour, son principal fait d’arme restera son titre de championne de France espoir de trail court acquis sur les pentes de Gérardmer. «Au moment d’aborder cette course, j’étais assez stressée parce que c’était mon premier championnat de France de trail. Par définition, les championnats de France regroupent les meilleurs athlètes et je savais pertinemment que je ne serai pas dans la tête de course comme il est possible de l’être sur des petits trails. J’étais stressée aussi parce que dans ma catégorie je savais qu’il y avait des filles de mon équipe universitaire plus fortes que moi (qui étaient arrivées devant moi aux championnats de France de Trail universitaire à la réunion en juin dernier). Je partais un peu défaitiste pour un podium dans ma catégorie». Au terme d’une course solide, c’est pourtant la grenobloise d’origine qui s’adjugeait le titre. Gaëlle Decorse livre toutefois une analyse humble et lucide sur cette performance: «Je ne pense pas que ce titre m’ait fait changer de dimension dans notre discipline. Ce que je regarde surtout c’est la place au scratch femme, 18ème, qui est bien plus représentative. Les podiums en espoir ne sont pas très représentatifs parce que nous ne sommes pas beaucoup dans cette catégorie et le niveau est moins relevé. Et du coup non, 18ème ça ne me fait pas changer de dimension, mais ça me motive à encore plus m’entraîner pour essayer de gagner quelques places l’année prochaine».

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«Pour 2018? Je suis en pleine hésitation. Je ne mesure peut être pas encore bien les choses mais ma façon de penser pour le moment est de faire ce qui me donne envie»

Après avoir terminé quatrième du TTN court 2017, Gaëlle Decorse a remporté le Ptiot Sparnatrail chez les féminines en novembre dernier, prenant par la même occasion la tête du classement général du TTN Court 2018, montrant d’emblée qu’il faudrait compter sur elle cette année encore. Pourtant, l’athlète licenciée à l’ASPTT Clermont demeure incertaine sur la suite de sa saison: «Je suis en pleine hésitation pour cette année malgré cette victoire à Epernay. Je repars pour le TTN c’est certain mais j’hésite entre les manches du court ou celles du long… Il est vrai que j’aimerai bien essayer plus long cette année, c’est vraiment quelque chose qui m’attire et je veux voir si cela ne me correspondrait pas mieux que des distances entre 20 et 30km. Les coureurs de long m’ont toujours impressionné, je trouve cela passionnant et j’aimerais bien réussir à me dépasser sur ce genre de distance».

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Gaëlle Decorse se retrouve donc confrontée à un dilemme que l’on retrouve fréquemment chez les jeunes coureurs: faut-il allonger les distances si jeune? Si pour certains athlètes, comme par exemple Nathan Jovet (Team Salomon), la transition s’est opérée avec succès, nombreuses sont les personnes à prôner la patience. «On me répète souvent qu’en allongeant les distances à mon âge je risque de me «cramer», que ce soit mon coach ou d’autres athlètes. Mon entraîneur sait me freiner et me conseiller et il me répète souvent que faire du long si jeune n’est pas spécialement une bonne idée, cependant il ne me l’interdira jamais. Je ferai deux courses longues je pense cette année et qui sait peut être que je n’aimerai pas et voudrai rester sur plus court par la suite? Je ne mesure peut être pas encore bien les choses mais ma façon de penser pour le moment est de faire ce qui me donne envie et, pour le coup, le long me donne envie».

Une aventure péruvienne point d’orgue d’une saison exceptionnelle

Si cette saison la recherche de performance guida Gaëlle Decorse au travers de ses différentes courses, 2017 fût également le berceau d’une expérience extraordinaire pour la jeune athlète, à savoir sa participation au Marathon des Sables au Pérou. «J’ai gagné mon dossard lors d’un concours sponsorisé par la marque WAA (qui est la marque partenaire du Marathon des sables). J’ai appris la nouvelle un mois seulement avant le départ de la course alors autant vous dire que je n’étais pas du tout préparée bien que je cours tous les jours. Ça a été un peu la course (sans jeu de mots) durant ce mois post MDS car l’organisation et le matériel sont presque les parties les plus importantes de la course. J’ai passé plusieurs jours à chercher mon matériel et surtout organiser mes repas lyophilisés ».

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« Je suis partie au Pérou sans objectif autre que celui de finir car je n’étais pas préparée pour ce genre de course. J’avais convenu avec mon entraîneur de faire la course pour la belle expérience qu’elle pouvait m’apporter et non pas pour performer car je n’avais de toute façon pas le niveau pour ça.

Je pense que je peux dire que j’ai vécu la bas les plus beaux moments de ma vie, les plus durs aussi. Chaque jour j’ai eu peur d’abandonner, d’échouer, c’était vraiment dur physiquement et mentalement que ce soit le poids du sac, la chaleur, la déshydratation, le rationnement, la dureté des épreuves chaque matin ou encore les douleurs … Mais à côté de cela, j’ai fait des rencontres magnifiques, vu des paysages grandioses et le fait de vivre dans la simplicité la plus totale sur le bivouac et d’être coupés du monde permet de créer des liens fort. Pour une fois sur une course je n’ai pas joué le classement, ce n’était pas ça qui comptait pour moi. Réussir à terminer la course était déjà une épreuve en soi, au vue des nombreux abandons.

J’ai laissé mon esprit de compétition de côté et j’ai marché entièrement certaines épreuves avec mes amis et j’ai apprécié la chance que j’avais d’être au milieu du désert péruvien. Je termine 12ème femme mais ce que je retiendrai surtout est: j’ai terminé!».

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«Céline Lafaye m’inspire beaucoup»

Cette belle saison a naturellement conduit certains équipementiers et teams à s’intéresser à la jeune coureuse. Ainsi, si Gaëlle Decorse vient de signer avec la marque Kari Traa, elle a également intégré le Team Provence Endurance. «Le team manager m’a contacté en septembre et pouvoir intégrer une team est une superbe opportunité que je n’avais encore jamais eu. Le calendrier des courses objectifs correspondait à ce que je voulais faire cette année et des stages sont proposés. Et puis l’ambiance est géniale avec les autres membres». Autre recrue de choix du Team Provence Endurance, Céline Lafaye fait déjà office de modèle pour Gaëlle Decorse: «J’ai rencontré Céline lors du stage de 4 jours le mois dernier près de Dignes. Nous avons fait le trajet ensemble car elle est originaire de Savoie. Nous avons bien discuté et je l’apprécie beaucoup. Je pense que je peux parler d’une relation d’amitié, Céline est très accessible et m’inspire beaucoup. Elle me donne pas mal de conseils en trail , mais je pense surtout qu’elle m’apporte de la motivation car cette femme est impressionnante et me fait rêver : elle ne s’arrête jamais!».

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L’année 2017 fût donc une année quasi-parfaite pour Gaëlle Decorse. Si cette saison une confirmation est bien sûr attendue, la pensionnaire du Team Provence Endurance ne veut pas se mettre la pression: «Je n’ai pas spécialement d’objectifs si ce n’est me faire plaisir sur les compétions à venir. Je n’aime pas me mettre la pression donc on verra bien de quoi l’année 2018 sera faite». Si on devrait retrouver Gaëlle Decorse sur ses courses de cœur que sont l‘Ut4M, l’EDF Cenis Tour et peut être l’Echappée Belle, elle disputera prochainement le 42km de la Transgrancanaria puis la Pierra Menta et les championnats de France de Kilomètre Vertical. Elle aura bien évidemment également à cœur de conserver son titre de championne de France de Trail (espoir) acquis l’an passé du côté de Gérardmer. Avant de rêver plus grand dans quelques années ? L’avenir nous le dira.

Hugo PELLETIER

Propos recueillis par Hugo PELLETIER

Crédits photos: G.Decorse


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