Primes dans le trail, une évolution positive?

On le sait tous pertinemment, que ce soit dans n’importe quel domaine, l’argent est le nerf de la guerre. Le monde du sport et plus particulièrement celui de la course à pied ne font pas exception à la règle. Depuis longtemps déjà, des primes sont attribuées aux têtes de course de nombreux événements. Auparavant réservée aux épreuves sur route, cette pratique s’est peu à peu étendue au monde du trail, non sans provoquer quelques remous. En effet, pour beaucoup, argent et trail ne peuvent aller de pair, car introduire des primes sur les courses de montagne c’est tuer « l’esprit trail ». Cette expression, employée à tout va, se retrouve au centre des arguments d’un débat qui s’avère houleux.

Tout d’abord, il convient de recentrer les choses. Oui, l’argent à fait son apparition dans le trail, mais néanmoins nous sommes encore bien loin des sommes pratiquées dans grand nombre de sports. Les critiques à l’encontre de cette évolution de notre sport sont nombreuses. Il en ressort principalement deux remarques: un dénaturation de l’esprit trail, ainsi que des répercussions sur les coureurs amateurs. Mais qu’est-ce que « l’esprit trail » justement? Beaucoup diront qu’il s’agit d’un état d’esprit particulier, de la possibilité de courir en toute liberté dans la nature, sans contrainte. Mais alors, le fait de prendre part à des courses de plus en plus importantes qui, forcément, s’éloignent de ce « trail originel » n’est-il pas aussi une dénaturation de « l’esprit trail »?

Certains avancent également que la propagation des primes dans le trail contribue à dénaturer l’esprit de ce sport par l’arrivée de plus en plus de « performeurs », souvent issus de la piste et de la route. Oui, c’est vrai, l’introduction de prize money attire. On le voit aujourd’hui, beaucoup de coureurs étrangers qui ne pratiquaient pas le trail auparavant (d’Afrique de l’Est notamment), inscrivent désormais leurs noms aux palmarès de courses en montagne. Mais cela est-il vraiment mauvais pour notre discipline? Je ne crois pas. Pourquoi se plaindre d’une augmentation du niveau global des courses, rendue possible grâce à ces coureurs? Se plaint-on de la présence d’athlètes tel Nicolas Martin, issus de la route et de la piste?Non, au contraire. Ces coureurs que l’on retrouve en tête de course sont la vitrine de notre sport. Kilian Jornet et François D’haene, pour ne citer qu’eux, sont l’illustration parfaite de ces sportifs permettant la promotion et la popularisation du trail. N’est-il donc pas logique de valoriser des coureurs qui, eux-mêmes, valorisent notre sport? La majorité des meilleurs athlètes ne sont pas des chasseurs de prime. Témoignant de cela, Matthieu Brignon indique en effet que ces primes permettent de récompenser des sportifs qui s’investissent, parfois à plein temps, dans leur sport, mais ne sont pas une finalité en soi. Très peu nombreux sont les traileurs qui, aujourd’hui, peuvent vivre de leur sport. Dire que cela peut entraîner une professionnalisation néfaste du trail est également assez hypocrite. En effet, le trail n’est-il pas déjà touché par le professionnalisme, dont témoignent notamment les nombreux « teams »?

Autre argument souvent avancé par les détracteurs des prize money, l’émergence inévitable du dopage du fait de ces gratifications pécuniaires. Mais, a-t-on vraiment besoin de primes pour se doper? Je ne crois pas. Nombreux sont les coureurs de milieu de peloton à prendre des substances illicites ou à pratiquer l’automédication, sans pour autant avoir d’espoir de terminer dans les premiers et donc de toucher une quelconque prime. Les faibles sommes allouées ne sont, selon moi, pas la raison première du dopage. Se doper est un état d’esprit particulier, que l’on retrouve même sur des courses d’amateurs, et qui est dicté par bien d’autres indicateurs. De plus, on assiste depuis quelques années à un développement massif du contrôle des athlètes avec la multiplication des contrôles antidopage. C’est cette lutte de tout instant qui permettra d’éradiquer les tricheurs, et non pas le fait de ne pas allouer de primes aux meilleurs.

Dire qu’accorder des primes dans le trail pour les athlètes les plus performants est destructeur pour notre sport apparaît donc comme une pure hypocrisie. Chacun sait, au fond de lui, que le développement de notre discipline ne peut passer que par une médiatisation accrue qui sera, in fine, rendue possible grâce à l’argent. Attention toutefois, ces prize money ne doivent pas être la source de la pénalisation des coureurs « du peloton ». Le petit ne doit pas servir à rhabiller le grand, et ces primes ne doivent donc pas être la raison d’une augmentation du prix des dossards par exemple. Les nombreux sponsors qui investissent de plus en plus ce sport et s’enrichissent à travers lui doivent donc prendre leurs responsabilités. C’est sous cette condition seulement que « l’esprit trail » sera préservé. Mais bon, ce n’est que mon avis.

Hugo Pelletier

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Des primes sur le Buff Epic Trail


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One comment on “Primes dans le trail, une évolution positive?”

  1. dav dit :

    Les primes ne me dérangent pas tu travail mérite salaire. Tant mieux si cela développe notre sport préféré. Apres il y a des dérives de partout. Mais vu l investissements, les sacrifices et les heures de travail que certains coureurs consacre a cette discipline se n est que justice que leurs labeurs soient récompensés……

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