TRAIL: Questions à Julien RANCON

 Excellence et discrétion

Il est une icône de la course de montagne. Le champion du team Adidas devenu savoyard de par son parcours de vie, n’est pas un adepte de la sur-médiatisation. Après un footing partagé sur les hauteurs de Jacob-Bellecombette jusqu’à la Croix de la Coche, son terrain de jeu favori, c’est autour d’une tasse de thé que Julien Rancon nous reçoit chez lui. Il revient pour TPSinfos sur sa saison 2014, riche en résultats et en émotions.

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Depuis les cross cet hiver, la saison n’est-elle pas trop longue ?

« C’est vrai que l’enchaînement des 4 Championnats de cross (des Départementaux jusqu’au France) est une cure d’intensité qu’il faut avaler. Mais cela reste  une base solide et complète du panel des qualités nécessaires au coureur à pied. De plus c’est un effort qui correspond bien aux formats des courses de montagne, du moins par la durée. C’est toujours plaisant d’être à la bagarre. Dans la foulée, j’ai eu l’opportunité de battre mon record sur 10km avec un bon chrono de 30’26’’ à Cannes. Je suis rentré du bord de mer un brin déçu car j’aurais aimé descendre sous la barre mythique des 30’. Mais ce ne sera que partie remise et j’espère bien réaliser au moins une fois cet objectif durant ma carrière de coureur. Puis place à la saison de trail et de montagne. »

 

Un bel enchaînement de courses, indispensable pour les grands rendez-vous ?

« J’ai d’abord refait du volume pour préparer le trail de la Drôme dans l’objectif de repérer le parcours pour les France de Buis les Barronies, même s’il n’y avait qu’une partie du parcours commune. Pour ma 4ème participation, je remporte l’épreuve. J’adore cette région des Alpes du Sud surtout que mon amie Julia (Combe) est originaire de Gap. Nous nous verrions bien vivre un jour dans ce beau coin de France ensoleillé. Dans la foulée, ma première victoire lors de l’ascension du Col de Vence a permis de me mettre en confiance. Ensuite tout s’est enchaîné très rapidement même si je ne pensais qu’au Championnat d’Europe de course en montage. Malgré tout je n’oublie pas les Championnats de France de course en montagne, le passage obligé pour la qualif, qui ont eu lieu chez moi à deux pas de chez mes parents, du côté de Chambon Fougerolles. J’ai d’ailleurs passé 7 saisons au sein du club d’ACO Firminy après ceux du Puy et de Clermont.

 

Le Championnat de France s’est bien déroulé et avec un 3ème titre national consécutif en course en montagne, puis une victoire au 10km de La chaussée des Géants, une 4ème place à la montée du Grand Ballon, j’absorbe sereinement l’objectif principal de la saison, les Championnat d’Europe. Surtout qu’en Alsace prendre une 4ème place derrière le trio d’Africains restera l’un des grands moments de ce début de saison. Pour revenir au France, courir quasiment à la maison procure toujours de belles émotions. Gap c’est vraiment ma région de cœur et le public était formidable. Le format de course était propice pour attirer le public qui a joué le jeu durant toute la course et a répondu présent pour soutenir l’équipe de France. Quel souvenir d’avoir été à la bagarre avec le groupe de tête. Même si ma meilleure place restera la 3ème marche du podium en 2006, il faut avouer que la densité était très forte cette année et terminer 6ème restera pour moi une excellente performance. Mais je retiendrai avant tout la médaille de bronze par équipe partagée avec Renaux Jaillardon et Benjamin Bellamy. On peut donc dire que le rêve d’un nouveau podium ne fut pas réalisé mais l’objectif de départ était malgré tout atteint. »

 

Et pourtant vous poursuivez encore de plus belle ?

« Oui mais après cette première partie de saison bien chargée, l’été fut consacré à des courses plaisir. D’abord avec Marvejols Mende, la classique sur route de légende, sur laquelle je termine 11ème et 1er français. Je n’avais encore jamais disputé cette épreuve mythique. Avec un  plateau international et 4000 concurrents au départ, ce fut une course magique. Parti au départ dans le second groupe je pointais à la 35ème place avant la bosse. Puis j’ai pu faire parler mes qualités de grimpeur et reprendre du monde dans les bosses. Second européen derrière un coureur Belge, j’étais tout aussi enchanté de la course que la région. Avec Julia, nous en avons d’ailleurs profité pour passer une petite semaine de vacances en Lozère. Puis la fatigue se faisant sentir, j’ai fait un léger break. Mais je tenais tout de même à participer à Zierre-Zinal. Et ma 25ème place à Sierre Zinal et l’épreuve historique Suisse restera de nouveau un mauvais souvenir. Décidemment c’est vraiment une course qui ne me réussit pas. Hormis ma première participation qui fut la bonne, je suis passé à travers lors de mes 3 participations suivantes. Je mets ces contre performances sur une bonne partie courue à haute altitude (2000m et plus) et surtout durant plusieurs heures, un effort qui ne doit pas me convenir.

Je décide alors de participer au Championnat du Monde de course en montagne au mois de Septembre en Italie tout en préparant le Championnat de France de Trail long (2 semaines plus tard). Un challenge pas facile à relevé. Au départ, je ne souhaitais pas faire le Mondial de montagne pour me réserver au France de trail long mais je donne souvent la priorité à l’Equipe de France pour apporter ma contribution au sein ce groupe exceptionnel où il règne une ambiance formidable, tout comme au sein de la communauté de la course en montagne en général. On se connait tous et j’ai tissé des liens avec bon nombre de coureurs européens (Italiens, Suisses, Slovènes, Tchèques). Avec deux objectifs aussi rapprochés, j’ai du opter pour une préparation mixte. Je m’étais bien préparé, avec de bonnes séances à la fois sur court et sur long, ponctuées de stages estivaux à Pralognan la Vanoise, station de trail dont je suis depuis cette année le parrain. »

 

La stratégie s’est-elle avérée payante ?

« Participer à un championnat du monde, qui plus est en Italie, ne pouvait pas se refuser ! Et finalement ce fut une belle réussite, 17ème (1er Français et 5ème Européen), soit mon meilleur résultat sur un mondial en montée sèche, d’autant que la présence des africains était massive. Ce n’était pas gagné d’avance car j’avais mal au dos toute la semaine précédente. Heureusement le kiné m’avait remis sur de bons rails. Mais ensuite le voyage-aller en avion et en bus aura fini par me détraquer de nouveau. Sur place, le kiné de l’équipe de France aura fait des prodiges pour me remettre en place, c’est passé in extremis. J’étais ce jour-là en grande forme et le parcours était taillé pour moi, très technique avec une arrivée mémorable dans la grande carrière de Carrare. Nous avons terminé de plus 6ème par équipe derrière les grandes nations de course en montagne que sont l’Ouganda, l’Erythrée, l’Italie, les USA et la Grande-Bretagne.

Mais le France de Trail fut par contre un échec (9ème).  J’ai coincé au 35ème surtout mentalement. Je suis dans mon élément sur des courses au taquet d’une heure environ mais je trouve ces courses d’attente de 5h à 6h très longues moralement. J’étais pourtant aux avant-postes avec Sébastien Spehler et Sylvain Court mais je craque dans la tête au 35ème et c’est la motivation du classement par équipe qui me fera tenir jusqu’au bout. Ce sera la seule compensation de remporter le par équipe avec Grenoble grâce à mes équipiers de luxe, Nico Martin, Hugo Ferrari et Sophie Gagnon. La fin de saison commençait à me peser, mais elle se terminera par deux belles victoires par équipe, sur l’Ekiden de Grenoble et le Trofeo Vanoni en Italie. Cette dernière c’est vraiment ma course de cœur que je dispute pour la 10ème fois. L’ambiance de cette course historique (57ème édition) me redonne à chaque fois l’envie de revenir. Et là avec Cédric Fleureton et Arnaud Bonin, on gagne avec l’Equipe de France. Et la saison se terminera par une bonne note par une victoire finale au Challenge National des courses en montagne. »

 

Et pour 2015, quels seront vos objectifs ?

« Le mois de novembre fut un mois off me consacrant plus particulièrement à mes activités de Coach Sportif (Julien est spécialisé en running et en préparation physique générale). Avant les cross cet hiver, je viens de reprendre l’entraînement en douceur. Quant à ma saison 2015, le point d’orgue devrait être le Championnat du Monde de Trail à Annecy le week-end du 30/31 mai (85km 4600m+/-). Courir à côté de la maison sera là encore un moment exceptionnel. (Julien partagera le maillot tricolore avec les traileurs Court, Spehler, Antolinos, Bringer et Martin). Par contre ce sera un crève cœur de ne pas être au top la semaine suivante lors des France de course en montagne qui auront lieu la semaine suivante au Revard. J’envisage malgré tout le doublé en terme de participation. Puis j’espère participer au Championnat du Monde de course en montagne au Pays de Galles. »

Alexandre Garin pour TPSinfos

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Championnats d’Europe de course en montagne GAP 201410251983 755480497818526 1389355273229474964 n - TRAIL: Questions à Julien RANCON P1120547 1024x768 - TRAIL: Questions à Julien RANCONDe gauche à droite : Cédric Fleureton, Julien Rancon et Arnaud Bonin

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