A LA RENCONTRE DES COUREURS…LUDOVIC POMMERET, TEAM HOKA
Ingénieur en informatique travaillant pour le contrôle aérien suisse, c’est par hasard que Ludovic Pommeret fait ses premiers pas dans le monde du trail en 2000. Mis au défi par ses beaux-frères sur une course de village, le savoyard inaugurait alors sans le savoir une grande carrière. Inscrit quelques temps plus tard en marcheur sur la Fortich’, une course en Maurienne qui est l’ancêtre de l’UTMB, il connaissait son premier abandon. Loin de le décourager, cet échec fût à l’inverse une véritable source de motivation. A 41 ans, Ludo Pommeret est aujourd’hui une référence dans le monde du Trail. Son palmarès impressionnant est à la hauteur de son talent et de sa simplicité. Rencontre avec l’un des coureurs qui aura marqué l’année 2016.
2016 aura été l’année de Ludovic Pommeret. Avec 22 courses au compteur dont 18 podiums (10 victoires), le membre du Team Hoka n’aura laissé que des miettes à ses adversaires. Victorieux notamment de la Maxi Race du lac d’Annecy (83km, 5200m D+) et 3ème du trail du Ventoux (46km, 2325 m D+) , son fait d’arme le plus marquant restera sans discussion possible sa victoire sur l’Ultra Trail du Mont-Blanc corrélée à un titre de champion du monde par équipe quelques semaines plus tard (5ème en individuel). Pour sa cinquième participation à la plus grande course du monde, il est parvenu à renverser au mental une situation qui apparaissait compliquée à mi-course. Alors au-delà de la 50ème place, il engagea une remontée formidable pour s’imposer en solitaire après plus de 22 heures d’effort. Après ses abandons sur blessure en 2004 et 2005 qui l’avaient profondément marqué, cette victoire reste à ce jour son plus beau souvenir. «Auparavant, c’était mes deux deuxièmes places sur la diagonale des fous. Aujourd’hui, cette victoire sur l’UTMB a supplanté tout cela».
« Maintenant j’ai un titre qui parle à du monde »
Remporter cette course n’a «pas changé grand chose» pour lui, si ce n’est une certaine reconnaissance du grand public. «Maintenant, j’ai un titre qui parle à du monde. Il y a la reconnaissance de mes partenaires, mais aussi des coureurs du monde entier».
Après ce titre glané sur les pentes du Mont-Blanc et le tourbillon médiatique qui s’en est suivi, L.Pommeret a vite dû se remobiliser en vue d’un autre grand rendez-vous, à savoir les championnats du Monde au Portugal. «Réattaquer la préparation après l’UTMB pour les mondiaux n’a pas été trop dur car j’étais motivé, même si j’aurai aimé avoir un peu plus de repos et de temps pour savourer». Comme à son habitude, il fit honneur au maillot tricolore lors de ce rendez-vous international. Finalement 5ème en individuel, il apporta sa pierre à l’édifice pour la conquête du titre mondial remporté pour la deuxième année consécutive. Au moment de tirer le bilan de cette compétition, l’international français reste comme à son habitude très mesuré et lucide: «Sur cette course j’aurai aimé terminer avec Ben (ndlr: Benoît Cori) mais je ne pouvais pas. Je n’ai toutefois pas de regrets car j’ai appris avec mes échecs sur l’UTMB à ne pas tout miser sur une course donc j’avais deux objectifs. L’un est bien rempli, l’autre n’est pas si mal».
Une saison qui s’achève donc de la meilleure des manières, mais qui ne suffit pas à rassasier l’appétit sans cesse grandissant du quadragénaire. En effet, malgré la période hivernale plus calme sur le plan des compétitions, une nouvelle saison pointe le bout de son nez. Afin de l’optimiser au mieux, Ludovic Pommeret fait le choix de participer à cette période à quelques trails blancs, mais également à quelques courses de ski alpinisme, sport pour lequel il voue une véritable passion. Récent vainqueur du Trail blanc de la Clarée (19km, 550m D+), il doit s’infliger comme tout champion des charges de travail assez conséquentes pour atteindre son niveau actuel et figurer parmi les meilleurs mondiaux. Encadré par un entraîneur depuis quelques années qui planifie ses entraînements, cette collaboration est pour lui très bénéfique: «Je n’ai pas de semaine classique d’entraînement, c’est mon coach qui gère ça. Toutefois, je fais en général deux séances de fractionné et 3 à 4 autres sorties par semaine dont au moins une avec du dénivelé, mais cela varie en fonction de ce que je prépare».
« Je suis un artisan du trail »
Les yeux tournés vers 2017, Ludo Pommeret a déjà des objectifs programmés, et pas des moindres: «La diagonale des fous est au programme et je vais essayer de me qualifier pour les mondiaux. La CCC est aussi au menu et je viens de m’inscrire à la Transvulcania». De gros objectifs donc avec des courses réputées sur lesquelles le savoyard sera attendu. Au moment d’évoquer cette notoriété grandissante et désormais acquise, il reste comme à son habitude très réservé. Quand on lui demande si sa discrétion assumée est volontaire sa réponse est sans équivoque: «Non pas vraiment, c’est comme ça. Je suis un artisan du trail. Derrière les gens médiatiques il y a souvent des personnes qui travaillent pour eux, pour leur communication. Ce n’est pas mon cas. Moi je fais de petites communications avec le temps que j’ai». Très apprécié des sponsors notamment du fait de l’image qu’il véhicule dans et en dehors des courses, le montagnard n’a toutefois pas sa langue dans sa poche quand il s’agit d’évoquer certains sujets relatifs à sa discipline. A la question de savoir ce qui lui déplaît dans le monde du trail aujourd’hui, il n’y va pas par quatre chemins: «Je n’aime pas l’hypocrisie et les gens qui essayent de donner des leçons ou de lancer des polémiques là ou il n’y en a pas».
Cette saison 2017 s’annonce donc sous les meilleurs auspices pour Ludovic Pommeret qui aura à cœur de réitérer une saison 2016 impressionnante. Inutile de dire que les couleurs du Team Hoka dont il fait partie seront cette année encore dignement représentées.
Hugo PELLETIER
Revoir l’émission « Esprit Bleu » consacrée à Ludovic Pommeret :
CLASSEMENT ITRA : http://www.i-tra.org/community/ludovic.pommeret/7829/20909/
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