A LA RENCONTRE DU « VERTICAL TRAILER » YOANN SERT !
Yoann Sert est un extra-terrestre des sports d’endurance. Montagnard aguerri, il touche à tout : il est aussi à l’aise en vélo, en vtt, en trail qu’en ski alpinisme. C’est avec beaucoup de simplicité et d’humilité qu’il se dévoile pour TPS Infos.
Comment s’est déroulée ta saison 2017? Peux-tu nous dresser un bilan de cette belle saison écoulée ?
« Après un hiver plutôt bien réussi en ski alpinisme, j’avais pour objectif de faire une grosse saison de vélo. Après la saison de ski je me suis d’abord accordé quelques semaines de repos pour recharger les batteries. Puis j’ai voulu reprendre très vite le vélo, trop vite sans doute, et je me suis blessé au genou (tendinite). J’avais pour objectif de faire la cyclo-sportive la Marmotte, la plus vieille de toutes les cyclos. Résultat, ce fut du coup une nouvelle période de repos en vélo mais comme en course à pied je n’avais pas mal, je me suis mis à courir plus sérieusement…et n’ayant pas assez roulé pour faire la marmotte j’ai annulé cet objectif.
Avec seulement une petite semaine d’entrainement dans les jambes, je suis quand même allé au KV de Chamonix où j’ai réalisé à ma grande surprise une belle performance en empochant la gagne devant un beau plateau d’athlètes. Comme quoi la fraîcheur a du bon. Puis j’ai été embauché à la dernière minute pour participer à la Pierra Menta d’été avec mon beau père, Jean Marc Joguet (vainqueur de la première Pierra Menta d’hiver). Ce fut une superbe expérience qui m’a donné envie de courir. J’ai remis des dossards et j’ai gagné le trail de la Rosière (22 km), le K2 de Villaroger-les Arcs (Double KV 7,6km 2000D+) avec l’établissement d’un nouveau record , le trail de la Frison Roche (17 km) puis l’ultra raid de la Meije en VTT (70 km) et enfin la montée sèche de la bastille, la Wider classic…Bref ce fut une très bonne saison qui me satisfait pleinement.
Je viens d’avoir trente ans et cela fait maintenant 5 ans que je pratique la compétition que ce soit en VTT, en Ski Alpi, en Vélo de route ou encore en trail running. Et j’ai compris que le plus important c’est d’abord de se faire plaisir car si la tête ne veux pas, les jambes ne veulent pas non plus. D’où ma motivation d’alterner les pratiques sportives car j’éprouve un plaisir vraiment différent dans ces 4 disciplines et je n’ai pas vraiment envie de choisir parmi l’une d’entre elles. »
Aujourd’hui, te sens-tu au top de ta forme? Penses-tu pouvoir encore progresser ?
« Oui je me sens bien surtout dans la tête car j’ai une copine qui me soutient beaucoup dans ce que je fais, ainsi que mes amis, mes collègues de travail et ma famille. C’est important de se savoir entouré et d’avoir une équipe sur qui compter.
Je pense que je peux effectivement encore progresser mais pour cela il faudrait que je me spécialise dans un seul est unique sport et je ne veux surtout pas faire ce choix cruel. Je ne veux non plus me spécialiser sur les KV même si effectivement j’aime bien ce type d’effort. Je trouve c’est mentalement très difficile mais j’aime bien varier avec d’autres formats. »
Tu as couru le Trail du Petit st Bernard mais était-ce un format de course trop long pour toi? Comptes-tu progressivement monter sur d’autres distances?
« Oui j’ai voulu essayer une longue distance mais mon corps n’est pas préparé et j’ai du abandonné à cause de crampes abdominales et de diarrhées. Je manque d’expérience sur la longue distance en compétition.
J’ai déjà fait des Ultra en VTT (MB race, Ultra raid de la Meije, Transmaurienne..) par le passé. Mais à pied je trouve que le corps subit davantage les chocs et que les articulations souffrent. Je ne pense donc pas faire trop de longues distances pour le moment car j’aime bien ménager ma monture. »
A quoi ressemble ta semaine d’entraînement type? Comment gères-tu ton programme ? As-tu un coach? Quelles sont tes sorties préférées? Ton terrain de jeu préféré?
« Mon entrainement en en un seul mot c’est plaisir. Je varie beaucoup mes entrainements même si le ski alpi et le vélo/vtt représentent la majorité du dénivelé.
En chiffres cela avait donné sur la saison 2015, la plus grosse de ces 4 dernières années : 345 000 m de D+ tout sport cumulé : 150 000 m de D+ ski et 220 h, 3000 km en vélo de route et 66 000 m de D+, 2000 km VTT et 86000 m de D+, 250 km en CAP et 33 000 m de D+, 200 km ski roue et 10 000 m de D+. Mais en moyenne cela oscille entre 250 et 350 000 m de D+ à l’année tout sport confondu…
En 2015, j’avais pris un coach pour la saison d’hiver. Il m’a infligé des séances très difficiles tout l’automne. Petit à petit, l’entrainement était devenu une corvée mais je me disais que cela allait payer. En parallèle j’ai commencé à supprimer des aliments, sans gluten, sans sucre… en me disant que j’allais m’affuter! Dès les premières compétitions, les résultats furent catastrophiques et je n’avais plus aucune motivation et plus aucune puissance. Bref ce fut le burn out du sportif. J’ai donc stoppé tout une saison en off complet. En plus de ça, mon alimentation était toute détraquée et je m’étais complètement renfermé socialement. J’espère que cette mauvaise expérience pourra servir à d’autres jeunes et qu’ils ne fassent pas les mêmes erreurs, car il n’y a pas que le sport dans la vie!
J’en ai tiré le bilan, me rendant bien compte que ce sont des sports terriblement exigeants pour l’organisme et pour le mental lorsqu’on pratique à outrance, et qu’il faut se faire plaisir autant sur la nourriture qu’a l’entrainement, sans oublier le tissu social. Je ne dis pas qu’il faut manger n’importe quoi ou de faire n’importe quoi à l’entrainement mais ce n’est pas une pizza ou un Mc do de temps en temps qui vont entacher les performances. Bien au contraire je trouve que c’est très bon pour la tête. C’est la même chose pour l’entrainement. Si j’ai envie de faire du vtt même en pleine hiver je le fais et si je veux faire la fête je ne m’en prive pas…. »
Quelles sont tes ambitions ? As-tu déjà un programme de course pour cet hiver? Et pour 2018 as-tu déjà réfléchi à des objectifs particuliers? Enfin à plus long terme, comment vois-tu ton avenir sportif?
« Je vais essayer de refaire une belle saison de ski Alpi, même si j’ai toujours un maigre espoir d’intégrer l’équipe de France Sénior de Ski alpi. Mais ce n’est pas un objectif en soit et je souhaite surtout recourir la Pierra Menta car je n’ai pas pu la faire l’an dernier.
Pour l’hiver j’ai un coach (Grégory Gachet) mais son rôle est simplement de m’aiguiller sur quelques séances type de qualité, et de me donner quelques conseils. Car je tiens à conserver ma liberté d’entraînement et je ne veux surtout pas me priver de partir faire de belles sorties en montagne même si je dois courir le lendemain avec un dossard.
Je vais refaire aussi quelques grimpées nocturnes, les fameuses montées sèches comme les Millet ski touring à Courchevel, Plum KV, et la Ballade du roc noir la Rosière car l’ambiance y est terriblement plus chaleureuse et conviviale que sur les grosses courses. J’ai déjà aussi pour idée de refaire la Pierra Menta d’été l’année prochaine.
A plus long terme, je souhaite surtout continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais et plus tard ma plus grande fierté serait de transmettre et de partager ma passion à mes enfants.
Mais pour le présent, je partage aussi beaucoup avec ma copine et je pense que c’est très important de pouvoir le faire. J’aime aussi emmener des gens en montagne pour leurs transmettre mes connaissances autant sur le plan sportif que sur la montagne en elle-même. »
Propos recueillis par Alexandre Garin.
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