CAROLINE CHAVEROT PLUS QUE JAMAIS DANS LA COUR DES GRANDS A L’ISSUE DE THE NORTH FACE TRANSGRANCANARIA / 06-08 – 03 – 15
UNE ANNEE ENTAMEE SUR LES CHAPEAUX DE ROUE !
Les débuts de saison se suivent mais ne se ressemblent pas pour l’emblématique Caroline Chaverot, pensionnaire du Team Hoka One One et du Club Athlétique du Bassin Bellegardien. L’orée de 2014 avait été ainsi jalonnée par d’épineux problèmes de santé. Contractant en janvier une bronchite, elle chercha malgré tout à poursuivre l’entraînement. Se soignant mal, s’épuisant, elle vit sa maladie virer en pneumonie. Dès lors, faute d’une préparation adéquate, elle ne put que jeter l’éponge le 2 mars via cette épreuve de prestige qu’est The North Face Transgrancanaria après avoir avalé, dans les pires conditions, 81 bornes sur les 126 au menu.
Rien de tel cette année en dépit d’une pause de plus d’un mois à la suite d’une opération bénigne survenue en janvier. En effet, la native de Genève aura d’emblée marqué les esprits sur ce même ultra, disputé du 6 au 8 mars sur l’île de la Grande Canarie. Son éclatant costume de dauphine, avec à la clef la 22ème place au scratch sur quelques 349 finishers, qui plus est dans un contexte très relevé, en témoigne amplement. 17h16’48 lui seront nécessaires pour venir à bout de cette odyssée de 125km pour 8500m de dénivelé qui fêtait son 12ème anniversaire.
Dans les talons de Nuria Picas
Autre illustration de sa prouesse, le famélique écart, 23’21 en tout et pour tout, qu’elle concédera avec la lauréate et pas n’importe laquelle s’il vous plaît. En l’occurrence, la célébrissime Catalane espagnole Nuria Picas Albets, âgée de 38 ans comme Caro et défendant les couleurs du Buff Pro Team et de l’association « Mountain Runners del Berguedà » ! Une Nuria Picas qu’elle aurait pu menacer si elle ne s’était pas fourvoyée durant trois bornes environ après le km35 (voir ci-dessous son récit). Visiblement, Pascal Balducci qui l’entraîne depuis le 24 juin dernier n’avait pas tort lorsqu’il évaluait son potentiel sur ultra comme l’un des meilleurs au monde.
In fine, la prof d’histoire-géographie aura fait un tabac à l’occasion de la plus longue compétition qu’elle n’ait jamais honorée. Auparavant, elle n’avait à aucun moment excédé la centaine de km quand elle avait décroché en solitaire la CCC puis l’Endurance Trail des Templiers en 2013. La plus longue compétition, certes, mais aussi la plus éprouvante de sa carrière, et de loin, ajoutera-t-elle après coup.
L’UTMB en ligne de mire
Preuve que les périples de plus de 100km ont sa préférence, elle avait effectué, comme d’ailleurs en 2014, le déplacement dans l’archipel canarien dans le but de concourir l’Ultra-Trail World Tour, le 125km servant de support à la 3ème manche. Un circuit, fondé en 2013 et disputé pour la première fois l’an passé en tombant dans l’escarcelle du Savoyard François D’Haene et d’une certaine… Nuria Picas qui pourrait bien devenir, cette année, sa principale adversaire.
On la retrouvera donc sur au moins deux autres étapes de ce circuit, les trois meilleurs résultats étant retenus dans le classement final : l’Eiger Ultra-Trail (101km pour 6700md), 8ème manche du 18 au 19 juillet ; l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (168km pour 9600md), 9ème manche, du 28 au 30 août. Et peut-être la Diagonale des Fous (173km pour 9996m), en balance avec le Grand Trail des Templiers, qui du 22 au 25 octobre clôturera en tant que 11ème manche cette coupe du monde de l’ultra.
En attendant avec impatience ces échéances, on reverra son minois le 4 avril à Annecy-le-Vieux lors du 8ème Trail des Glaisins, et ce pour le plus grand bonheur de Jean-Marie Fontana, son généreux concepteur. Sensibilisée en effet par la cause de cette manifestation en faveur des enfants lourdement handicapés, victimes de maladies génétiques, elle s’alignera sur le 29km (1) qu’elle tentera de ravir après ses 4ème et 2ème positions, respectivement en 2013 et 2014.
François Vanlaton pour le compte également du site Web du Club Athlétique du Bassin Bellegardien, en date du samedi 14 mars 2015 :
http://www.cabb01.club/pas-de-categorie/caroline-chaverot-plus-que-jamais-dans-la-cour-des-grands-a-loccasion-du-125km-de-la-transgrancanaria-06-08-03-15/
(1) Le 29km du Trail des Glaisins a précisément comme dimensions 28,8km pour 1523m de dénivelé.
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RESULTATS DU 125KM :
Ils sont mis en ligne sur le site Web de la manifestation :
http://www.transgrancanaria.net/wp-content/uploads/2013/05/TGC-125KM-CLASIFICACI%C3%93N-2015.pdf
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COMPTE RENDU DU 125KM PAR CAROLINE CHAVEROT :
Allez, il est temps désormais de nous replonger dans sa cavalcade canarienne à travers son propre récit, concocté, comme à l’accoutumée, de main de maître, et que voici :
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UN LONG RECIT, A PROPOS D’UNE LONGUE AVENTURE…
Le profil de la Transgrancanaria 2015.
Cela faisait depuis la fin de la saison 2014 que j’avais décidé de participer à la TransGranCanaria. Depuis, j’ai beaucoup rêvé, pensé, ruminé, espéré, à propos de cette course sur laquelle je me suis cassée les dents en mars 2014, faute d’une préparation suffisante. Mais voilà, en janvier, je dois subir une opération sans gravité, mais qui m’éloigne de la course à pied pendant un bon mois. Vient ensuite un stage avec le Hoka Team à Madère, au cours duquel je prends tellement de plaisir à courir que j’en oublie toute prudence et me blesse à un genou et à un talon d’Achille.
Trois semaines, deux séances chez l’ostéopathe et pas mal d’huile à l’arnica plus tard, me voici dans l’avion pour les Canaries, confiante quant à mon état de forme mais peu sereine quant à celui de mon genou.
Je passe une première nuit à Garanon, magnifique village de cabanes rustiques au milieu des forêts de pins,
puis vais me promener longuement dans le sublime parc national qui l’entoure. Suivent deux jours de rêve à l’hôtel Sheraton, avant, enfin, le départ tant attendu.
Les choses commencent assez mal pour moi puisque je commence par défoncer la voiture de location contre un poteau de béton, en voulant sortir pour rejoindre ma navette !
Dans la navette qui me mène au départ, je me sens assez émue. Il fait nuit, j’ai sommeil, et pourtant on est tous partis pour courir toute la nuit et une bonne partie de la journée du lendemain, quelle aventure ! A Agaete, jolie petite ville qui abrite le départ, l’ambiance est incroyable. En 2014, j’avais d’ailleurs trouvé cela agressif, de débarquer là à une heure à laquelle je dors habituellement depuis longtemps, avec le bruit, la foule, le vent, la pluie…
Mais cette fois, il ne pleut pas ; au contraire, une sublime pleine lune nous éclaire ; et je vis les choses très différemment puisqu’au contraire, je me sens portée par cette ambiance de folie.
Le départ est donné, sous les encouragements de milliers d’Espagnols survoltés. Ce qui est bien, avec ces ultras, c’est que cela part doucement. Pas de poumons qui brûlent, ni de souffle court, ça fait du bien !
Etrangement, je me retrouve en tête, ce qui n’est pas dans mes habitudes de début de course. Pourtant, je sens bien que je ne vais pas trop vite. Au bout d’un moment, Emilie Lecomte (1) me dépasse assez rapidement. Dans la première descente, Nuria Picas me bluffe par son aisance et sa rapidité. S’ensuit une petite baisse de moral, due au fait que je me fais beaucoup doubler. La machine à douter se met en route, et les pensées négatives m’assaillent. Pour la première fois depuis que je fais du trail, je me décide à écouter de la musique.
L’effet est fulgurant ! Les pensées négatives s’envolent et surviennent au moins deux heures d’état de grâce, d’autant plus que, malgré la nuit, je me rends bien compte que les sentiers sont magnifiques.
A Artenara (km35) m’attend Javier, mon assistant canarien. Il est efficace, il m’encourage et je repars toute contente, jusqu’à ce que je me perde. Bêtement, je m’enferre dans mon erreur, espérant voir un balisage un peu plus loin. C’est alors que je me retourne et aperçois des frontales sur la montagne d’en face !
Argh! Je suis consternée ! Après avoir essayé sans succès de rejoindre le bon chemin à travers des jardins, je me décide à faire demi-tour et pique un sprint pour rejoindre le bon chemin. Je me retrouve derrière un coureur que j’avais dépassé bien avant Artenara. Je suis furieuse et déprimée, d’autant plus que la douleur aux genoux se réveille et que je sens que quelque chose ne va pas au niveau intestinal. C’est le début d’une longue série d’arrêts derrière des buissons… en gros, à chaque descente, je perds une ou deux minutes à m’arrêter, jusqu’à ce que, enfin, au bout de dix arrêts, je n’aie plus rien à évacuer (désolée pour ces détails scabreux :-)).
J’ai aussi souvent mal au ventre et donc mal au dos, ce qui s’ajoute à une douleur au genou qui devient intense.
Je me raccroche à ma musique, pour tenter de rester positive, mais la fin de nuit devient difficile, d’autant plus que je fais encore trois petites erreurs de parcours (le balisage était franchement excellent au début et à la fin mais vraiment défaillant sur une portion d’une trentaine de km).
Lorsque le jour se lève, cela fait déjà huit heures que l’on court. Cela fait longtemps que je ne mange plus, me nourrissant à la boisson énergétique (Hydrixir Longue Distance sans Gluten). Je bois par contre beaucoup et j’ai l’impression que cela me suffit pour l’instant. Le paysage est beau, j’ai encore des souvenirs très présents de 2014, et je vis comme une petite victoire le fait de dépasser le caillou sur lequel je m’étais arrêtée 10’. Le vent se fait de plus en plus violent, au point qu’il est parfois difficile de marcher droit.
Soudain, ma musique s’arrête ! Plus de batterie ! Quel drame ! Je me force alors à ne pas trop penser, ne pas me concentrer sur mon ventre douloureux et mon genou défaillant pour plutôt me laisser nourrir par le paysage.
Au loin, j’aperçois Roque Nueblo, enfin ! Je me dis que, une fois là bas, ce sera un jeu d’enfant que de gagner l’arrivée… En fait, une fois enfin arrivée dans ce lieu magique, je vois un panneau qui me plonge presque dans un état dépressif : « META, 50km ».
A ma montre, il est pourtant marqué 81km ! J’ai envie de crier à l’escroquerie : le parcours devait faire 125km, pas 131 ! Je me rappelle que je me suis perdue et que j’ai vaguement entendu dire que le parcours faisait plutôt 128km… tout s’explique.
La traversée vers Garanon est magique.
Cliché de Fred Bousseau (site Web « Trails Endurance Mag »).
J’y retrouve Javier, qui m’encourage. Je lui laisse les bâtons, pensant qu’il ne reste presque que des descentes. Mais en fait de descentes, commence une montée courte (400m) mais raide. Je rattrape alors les coureurs du Marathon. L’ambiance est incroyable : ils m’encouragent, me font une haie d’honneur, cela me galvanise. S’ensuit une superbe descente qui aurait dû être juste magique, sauf que mon genou me torture. Je boitille tant bien que mal, et suis obligée de crier des centaines de fois « Pasar », car les coureurs du Marathon sont nombreux et prennent vraiment tout leur temps.
Un peu plus loin, je débouche sur un sentier pavé, avec de gros boulets irréguliers qui achèvent de me massacrer le genou. A ma grande consternation, je vois des coureurs beaucoup plus bas, et je constate que cette descente est interminable.
Enfin, on arrive à Tunte. Il commence à faire chaud, je me trempe la tête dans une bassine et prend le temps de bien boire. L’idée de manger ne m’effleure pas une seconde. Rien que d’y penser, j’ai envie de vomir. S’ensuit une première montée, puis une deuxième. Je suis en train de me dire « Ouf, on en a fini avec les montées », quand je lève la tête et que je vois avec épouvante des coureurs tout en haut, très loin de moi !
Je clopine tant bien que mal, à peu près à la même allure que les gens qui m’entourent, dont on voit tout de suite que ce sont plus des coureurs loisir que des compétiteurs entraînés. L’ambiance est sympa et je suis contente d’être entourée. Je suis toujours un peu surprise que personne ne me revienne dessus car je vais de plus en plus lentement.
A partir de là, je mets ma montre dans mon sac, préférant ne pas me démoraliser en voyant les km défiler aussi lentement et les heures passer aussi vite. Arrivée au col, je vois un panneau « META, 30km ». Je préfère l’oublier de suite car j’ai du mal à m’imaginer parcourir encore un km, alors 30…
La suite devient de plus en plus cauchemardesque, avec des sentiers parfois hyper-caillouteux, puis de longues pistes poussiéreuses. Le paysage cesse d’être beau vers le 105ème km. Je ne pense même plus, me traînant lamentablement dans ce désert. Heureusement, une Espagnole très gaie (et très opulente), court avec moi en chantant à tue-tête. Heureusement qu’elle s’arrête prendre des photos car cela me permet de la suivre un bon moment. Puis elle me dépasse, suivie de cinq coureurs de la Transgrancanaria. Je suis déçue de perdre des places mais incapable d’aller plus vite. J’ai l’impression qu’on me brûle les intestins et le genou droit.
Sur la fin, voyant qu’on enchaîne les km au fond d’un horrible lit de rivière au sol irrégulier alors qu’un beau trottoir bien lisse longe celui-ci, je commence à marcher en bouillant de colère. Je n’arrive plus à endiguer les pensées négatives que j’ai si longtemps contenues pendant la course. Lorsque, après un dernier détour sur une plage de sable, j’aperçois enfin l’arrivée, je ne suis ni contente, ni émue, juste fatiguée et encore en colère.
C’est seulement le soir, dans mon lit bien propre, que je commence à ressentir une certaine fierté d’être allée au bout, d’avoir fait un podium sur cette course relevée, et d’avoir lutté contre la douleur et les pensées négatives avec autant de volonté.
Caroline à l’arrivée en compagnie de Nuria Picas Albets.
Ereintées certes mais en même temps ivres de bonheur, les deux femmes auront dominé de la tête et des épaules ce redoutable ultra.
Le podium féminin, avec de gauche à droite :
– La Suissesse Andrea Huser, 4ème en 18h37’53.
– Caroline (Team Hoka One One et Club Athlétique du Bassin Bellegardien), 2ème en 17h16’48.
– L’Espagnole Nuria Picas Albets (Buff Pro Team et Mountain Runners del Berguedà), victorieuse en 16h53’27.
– La Chinoise Dong Li (Team Salomon), 3ème en 18h15’55.
– La Brésilienne Manuela Vilaseca (Team The North Face), 5ème en 18h42’59.
Cliché d’« iRunFar/Bryon Powell ».
Encore un immense merci :
– A tous ceux qui m’ont transmis des messages de soutien.
– A mon mari, mes parents et toute ma famille.
– A l’organisation de The North Face TransGranCanaria qui m’a invitée.
– A ma directrice du collège Calvin à Genève qui m’a généreusement autorisé à prendre congé.
– A Javier Torrent Benitez qui m’a organisé une assistance de choc.
– Au Team Hoka One One grâce à qui j’ai pu effectuer ce voyage.
– Aux fabuleuses chaussures Hoka One One sans lesquelles je ne serai pas arrivée au bout.
– Au Club Athlétique du Bassin Bellegardien, ma formation FFA.
– A Overstims et à Compex.
Oui, sans vous tous, rien de tout cela n’aurait été possible !
Caroline Chaverot
(1) La Haut-Savoyarde Emilie Lecomte sera contrainte à l’abandon suite à une chute et à une douleur dans le dos.
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CAROLINE CHAVEROT DANS LES MEDIAS :
Pour ne pas perdre une miette des épopées de Caroline, rendez-vous sur le net via :
– La page « Facebook » de Caroline Chaverot Athlète :
https://www.facebook.com/caroline.chaverot?fref=ts
– Le tout nouveau blog de Caroline Chaverot, surgi le 9 mars :
http://carochav.blogspot.fr/2015/03/transgrancanaria-2015.html?spref=fb
– Le site du Club Athlétique du Bassin Bellegardien dont elle est licenciée depuis le 4 octobre 2013, soit 48h avant les Championnats de France de trail à Gap dont elle prendra la seconde place :
http://www.cabb01.club/
– Et bien sûr le site « TPS Infos » où figurent entre autres : le premier article qui lui a été consacré dans les médias à l’occasion de sa victoire sur le 29km du Raidlight Winter Trail Chartreuse (27 janvier 2013) ; ses deux interviews filmées (1er juillet et 18 octobre 2014) ; son portrait (1er janvier 2015) ; son album photo comprenant pas moins de 110 images (9 janvier 2015).
Son adresse : http://www.trail-running-savoie.fr/
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