CHAMPIONNATS DU MONDE DE TRAIL (IAU) A ANNECY-LE-VIEUX / 30-05-15 : le reportage d’Alexandre Garin
LES FRANÇAIS EN OR, LES SAVOYARDS EN FORCE
On les attendait en favoris. Chose promise, chose due. Deux médailles d’or, une médaille d’argent et une de bronze en individuel, ainsi que deux médailles d’or par équipe, la France était ce week-end indiscutablement la grande nation du trail.
Les organisateurs de la Maxi Race nous auront offert un spectacle grandiose pour cette 5ème édition des Championnats du Monde de trail, disputé tous les 2 ans depuis 2009. Et surtout chez nous à Annecy, l’évènement revêt une importance supplémentaire où certains membres de l’équipe de France couraient à domicile, dans leur jardin préféré. Nous avons donc suivi pour TPS infos la course Elite prenant le temps bien sûr d’échanger davantage avec les français et en particulier avec les coureurs des Pays de Savoie. Caroline, Juliette, Maud, Stéphanie, Nicolas, Ludo et Julien nous auront fait vibrer tout au long de cette radieuse journée.
Un tracé unique avec ses 85km autour du lac d’Annecy pour 5300 de D+. Le Semnoz, Le col de Cochette, le Roc Encrenaz, des sommets réputés que tout traileur aguerri des Pays de Savoie reconnaîtra parfaitement. Si le parcours avait tous les ingrédients pour les spécialistes du genre, reconnu par Luis Alberto Hernando en personne, l’un des grands favoris « comme un parcours très équilibré d’un rapport distance / dénivelé », il permettait surtout aux 300 coureurs internationaux de découvrir un site grandiose entre lacs et montagnes. L’auteur Eugène Sue disait du lac bleu qu’il était « un lac enchanteur, dont les aspects variés sont disposés, groupés, proportionnés par la nature, avec un bonheur qui défie l’idéal de l’art. L’œil ravi s’arrête tour à tour sur les bords riants, mélancoliques ou grandioses du lac, et plonge dans les horizons lointains, découverts par l’abaissement des pentes de quelques-unes des montagnes dont il est encadré. » Et si devant les cadors n’auront eu le loisir de régaler leurs pupilles, un peu plus loin derrière, les coureurs croisés sur la fin du parcours en haut des crêtes du Mont Baron, évolueront enthousiasmés par les panoramas offerts sur le lac et ses contours. Parfois épris de vertiges de plaisir, parfois étonnés par ses points de vue à couper le souffle, tous n’oublieront pas leur première aventure sur la Maxi Race.
Partis à 3h30 du matin dans une fraîcheur idéale pour les organismes des coureurs, le peloton des équipes nationales formé pour l’occasion de 300 coureurs hommes et femmes confondus s’est d’abord attaqué au Semnoz, lieu de villégiature favori des Anneciens pour la pratique des sports outdoor. Les français en tête sont à la fête avec Sébastien Spehler, Sylvain Court, Xavier Thévenard et Julien Rancon. Ludovic Pommeret et Patrick Bringer ne sont pas bien loin tout comme Nicolas Martin. Le grand favori du jour, l’espagnol Luis Alberto Hernando est dans la foulée des frenchies, emmenant derrière lui l’armada espagnole. Si dans la première partie tout semble se dérouler à la perfection pour nos tricolores, passé le ravitaillement de Doussard les choses vont prendre une autre tournure remaniant l’ordre établi durant les 4 premières heures de course. Jusqu’alors, Sébastien Spehler est toujours en tête avec Hernando dans ses baskets.
Car une fois abordé le col de la Forclaz puis la sélective montée vers le chalet de l’Aulps et le Roc Encrenaz, certains explosent, d’autres reviennent, c’est aussi ça le trail, une histoire de rebondissements jamais écrite à l’avance. Le Chambérien Julien Rancon a du mal à s’alimenter et baisse de régime, il laissera des plumes dans cette longue ascension. Promis à une course aux devants de la scène, il rétrogradera inlassablement, ne terminant qu’à la 19ème place au général, bien loin de ses espérances. Passant la ligne d’arrivée par fierté, histoire de finir ce qu’il entreprend, julien à la tête baissée, le regard dans le vide et n’ose saluer le public, souhaitant déjà penser à autre chose. « J’étais vraiment mal dans cette montée, je ne pouvais plus lutter. C’est vraiment dommage car j’étais vraiment bien jusque la mi-course. Mais je ne suis pas surpris non plus car c’est une distance trop longue pour moi qui ne me convient pas du tout », nous commente le champion de course de montagne. Discipline dans laquelle nous le reverrons le week-end prochain, lors des championnats de France au Revard, une course de plus à la maison à laquelle le coach sportif espère bien figurer et effacer sa déception aux abords du lac d’Annecy.
Chez les français on aura aussi vécu l’abandon surprise de Sébastien Spehler victime d’un malaise dans la descente vers Menthon-Saint-Bernard. En revanche certains seront bien revenus dans la course comme Patrick Bringer qui, auteur d’une magnifique remontée, terminera 3ème de la course « très heureux de sa performance ». Mais la palme revient bien sûr à Sylvain court qui aura su lâcher l’espagnol dans l’ultime difficulté, le col des contrebandiers après un sévère duel disputé avec l’hispanique. Plus rapide dans la descente il avait peur du retour d’Hernando « ne cessant de me retourner. Avant de croire enfin à cette victoire seulement dans la dernière ligne droite », et de s’offrir le titre suprême, celui de champion du Monde, un titre qu’il n’est pas prêt d’oublier.
Autre savoyard engagé, Ludovic Pommeret, le Mauriennais du team Hoka, nous aura une fois encore impressionné par son envergure et sa force de caractère. On le savait très en forme après son écrasante victoire au Nivolet-Revard si bien que bon nombre de pronostiqueurs avaient misé sur lui. Encore en lice pour le podium à mi-parcours, il s’offrit le luxe d’attaquer dans le col de la Forclaz. Peut être un choix qui lui aura causé du tort et qu’il regrettera par la suite tel l’explique le manager du team Hoka Christophe Aubonnet : « Une marge de manœuvre trop infime qu’il a tenté de grignoter et qui l’aura sans doute esseulé pour la suite de la course ». Longtemps à la bagarre avec l’anglais Tom Owens, Ludo, d’abord pointé 3ème puis 4ème devra finalement se contenter de cette 5ème place. « La médaille, ce ne sera pas pour cette fois », analysera très lucidement Ludo dès la ligne d’arrivée franchie, peut être conscient de son erreur stratégique. Malgré tout sa performance n’en reste pas moins d’un très haut niveau puisqu’en 8h33’07, il devance l’américain Alex Nichols et les deux autres français Nicolas Martin, également haut savoyard, et Xavier Thévenard. Le premier coureur cité regrettera longtemps son choix « de ne pas courir avec des bâtons téléscopiques » mais il classera tout de même l’équipe de France sur la plus haute marche du podium, devant les Américains et les Anglais. Quant au second, en lice également pour le podium durant la première partie de la compétition, il devra lui aussi accepter de rétrograder pour terminer 8ème en 8h41’45 de course.
Chez les filles, c’est un duo 100% françaises qui aura animé la tête de course. Caroline Chaverot notre ambassadrice pour la Haute-Savoie comptait bien s’imposer malgré la concurrence d’une Nathalie Mauclair en grande forme et bien décidée à ne rien lâcher également. Les deux championnes ont eu beaucoup de mal à se départager bien que Caro compta très longtemps une petite longueur d’avance. Notons que toutes les deux ambitionnent cette saison une place sur l’Ultra Trail Word Tour et nous retrouverons d’ailleurs Caroline sur la Lavaredo, l’Eiger et l’UTMB. Finalement Nathalie Mauclair prendra une légère avance dans l’ultime descente, tandis que Caroline dans un passage à vide verra laisser filer sa rivale vers la victoire finale. « Lorsque Nathalie m’a doublé j’ai été si impressionnée par la différence d’allure que cela m’a fait un coup au moral et je n’ai pas cherché à m’accroché. Puis lorsqu’on m’annonçait 2’ d’avance de manière régulière, je me suis dit que c’était peut être du bluff et j’aurais du plus lutter. Mais c’est comme ça et de toute façon je n’étais vraiment pas bien sur la fin du parcours, difficile d’avoir des regrets après coup. » Nathalie Mauclair conserve ainsi son titre acquis pour rappel en 2013 au Pays de Galles devant sa compatriote Aurélia Truel et l’Italienne Maria Chiara Parigi.
Sur les bords du lac, l‘espagnole Maite Mayora était si émue à l’arrivée qu’elle en pleura à chaudes larmes. Elle prendra une belle 3ème place devant la française Anne Lise Rousset réalisatrice d’une course très homogène et la Suissesse Andrea Husser. Jamais la charmante Anne Lise Rousset ne pensait si bien faire. « J’ai beaucoup donné aujourd’hui. Ce fut très dur dans les montées et les descentes m’ont bien fait mal aux jambes. Je n’avais pas d’écart précis et j’ai donc fait ma course de mon côté. Mais c’était énorme et la victoire par équipe c’est vraiment génial » commenta-t-elle bien secouée par son périple autour du lac.
Si Caroline Chaverot était la chef de file incontestée de la délégation savoyarde, les filles de nos montagnes n’auront pas démérité. A l’image de Maud Gobert, la monitrice de ski de Valloire, qui aura fait sa course « courant comme à mon habitude, soit un départ prudent enchaîné par une remontée régulière sans jamais connaître de gros passage à vide. Mais je dois le reconnaître que les filles devant étaient plus fortes aujourd’hui. » 7ème en 10h33’25, la traileuse du team Adidas acceptera sa place elle aussi se consolant de cette magnifique victoire par équipe avec ses fidèles équipières devant les Espagnoles et les Italiennes. Enfin l’Albertvilloise Stéphanie Duc aura connu des galères côté alimentation pour réaliser une course bien loin de sa performance d’il y a deux ans, classée 6ème au Pays de Galles. « Impossible de manger quoi que soit, je n’avais plus d’énergie dans le col de la Forclaz » déplora Stéphanie qui terminera 16ème en 11h16’. Elle partagera ainsi son chemin de croix avec son équipière Aurélia Truel.
Départ à 3h30 du matin. Passage au Semnoz. Maud Gobert à Saint Eustache. Ravitaillement Saint Eustache. Caroline Chaverot vers Saint Eustache Julien Rancon encore dans le coup à Doussard Patrick Bringer à Doussard Ludo Pommeret à Doussard Nicolas Martin à Doussard Luis Alberto Hernando à Doussard Analyse des chronos par le staff de l’équipe de France. Doussard. Ravitaillement Doussard Col de la Forclaz, vue sur le lac
Stéphanie Duc (photo Terre de Running)
Montée au Chalet de l’Aulp, Nathalie Mauclair est alors en seconde position Caroline Chaverot en tête dans la montée au Chalet de l’Aulp Sébastien Spheler est en tête aux abord du Chalet de l’Aulp (km60) Sylvain Court, 3ème derrière Hernando et Spehler vers le km60 Xavier Thevenard 6ème au km 60 Km 60 Ludo commence à souffrir. 5ème au km 60 Vers le chalet de l’Aulp… Luis Alberto Hernando 2ème au chalet de l’Aulp Chalet de l’Aulp Point de vue du Mont Baron Anne lise Rousset 4ème scratch dames
Fabien Antolinos (photo Terre de Running) 11ème scratch
Les dames sur la plus haute marche 2 français en or Ludo Pommeret à l’arrivée Après l’effort, le réconfort ! Maud Gobert dans le lac d’Annecy avec sa fille Le podium masculin D’autres photos (mondiaux et course open) en vrac :
Concurrent africain mondial Danoise sur le Mont Baron L’italienne Giulia AMADORI sur le Mont Baron 62ème scratch dames L’australienne Lucy BARTHOLOMEW 61 ème La lithuanienne Vaiva MARCINKEVICIENE 72ème
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