ENTRETIEN AVEC BAPTISTE CHOUTKOFF, EN PREMIERE LIGNE SUR LE DEFI DE FORT-L’ECLUSE / 29-04-12
Surplombant les sinuosités du Rhône, lui-même dominé par la haute chaîne du Jura, Fort-l’Ecluse, admirable témoignage multiséculaire de l’art militaire, est le théâtre à compter du 23 mai 2004 d’une course de montagne de 5,4km pour 330m de dénivelée positive, absolument unique en son genre.
Son atypisme ? Un contre la montre individuel avalé notamment sur un impitoyable escalier de 917 marches taillé à même la pierre dans les tréfonds du bunker.
Profitons de l’occasion de la 9ème édition du Défi de Fort-l’Ecluse, ce dimanche 29 avril, pour faire connaissance avec l’expérimenté et talentueux Haut-Bugiste Baptiste Choutkoff, alias Tchouk, qui pour la sixième fois sera de la partie. Son challenge ? Abaisser son formidable temps étalon établi en 2010 en 24’15.
François Vanlaton
Question de François Vanlaton : Peux-tu te présenter succinctement ?
Réponse de Baptiste Choutkoff : Né le 20 septembre 1972 à Troyes et installé dans l’Ain en 1992, marié avec deux enfants de 3 et 5 ans, je réside aujourd’hui dans le village d’Apremont (350 âmes), à 7km d’Oyonnax. Concernant ma profession, je suis technicien de maintenance à Jouets Moby, sur la commune d’Arinthod dans le département du Jura.
Question de F.V. : Quand as-tu étrenné tes running et pourquoi ?
Réponse de Baptiste : En septembre 2004 après avoir été gymnaste une dizaine d’années auparavant. L’inopportune sédentarisation, le désir irrépressible d’en finir avec la cigarette qui se concrétisera en mai 2006 m’ont incité à courir.
Question de F.V. : As-tu rallié un club ou une association ?
Réponse de Baptiste : Mise à part l’Union Sportive Oyonnax en 2005 et 2006, j’ai préféré ne rejoindre aucune mouvance, en parfaite harmonie en réalité avec mon tempérament à la fois autonome et émancipé. Cependant, il y a une exception, et elle est de taille, c’est mon intégration en mai 2010 au sein du Team Sport Léo le Lysosome dont la vocation est le combat acharné contre cinquante maladies génétiques rares, mon fils ayant contracté l’une d’entre-elles en novembre 2009. Loin de m’achever, ce drame m’a littéralement boosté, accomplissant ma meilleure saison de course à pied en 2010.
En tout cas, c’est la raison pour laquelle j’endosse désormais et systématiquement le maillot orange de cette formidable cause.
Question de F.V. : Quel type de coureur est-tu ?
Réponse de Baptiste : Après avoir été polyvalent, je suis devenu un coureur nature. N’empêche, afin d’entretenir ma pointe de vitesse, je foule encore sporadiquement l’asphalte. Les deux ultimes rendez-vous avec la route remontent ainsi à l’an passé, précisément au 28 août (Sur les Pas de Tanguy à Saint-André-de-Corcy) et 3 décembre (Escalade genevoise hommes 2), accaparant respectivement les 9ème et 11ème places. En revanche, je n’ai aucun chrono référentiel sur marathon, semi ou 10km.
Question de F.V. : Et chez Dame Nature, quel genre de compétition disputes-tu ?
Réponse de Baptiste : Essentiellement des épreuves n’excédant pas les 21km, en l’occurrence des courses de montagne ou des trails très courte distance où je n’ai jamais cessé d’être à mon avantage avec des mensurations en adéquation, faisant 1m70 pour 60kg. Ne m’entraînant jamais au-delà d’une heure, je ne peux par ricochet m’aligner sur des longueurs plus conséquentes.
Seules entorses à cette règle, les 28km des Trails du Bugey et du Revermont que j’ai concourus en 2010, avec des résultats contrastés : succès à Belley sur un parcours roulant (500m de dénivelée seulement), 7ème à Ceyzériat sur un tracé accidenté (accusant un différentiel de 1000m), attestant alors de mon cruel manque d’endurance.
Question de F.V. : Quel est ton palmarès ?
Réponse de Baptiste : Il est réduit à des victoires sur des manches du Challenge de l’Ain de course en montagne qui sera ainsi tombé dans mon escarcelle en 2010 après avoir terminé au 3ème rang deux ans auparavant. Mais bon, ces faits d’armes n’en sont pas vraiment puis qu’il n’y a pas de véritable concurrence.
Question de F.V. : As-tu connu la blessure ?
Réponse de Baptiste : Oui j’ai été touché à deux reprises. La première fois, ce fut lors de l’édition princeps de l’Oyonnaxienne, le 16 octobre 2010, engendrant une sérieuse entorse à la cheville droite avec un arrachement osseux sur la malléole. Puis début février 2011, j’ai été victime d’une bursite au genou.
Question de F.V. : Quelle est ta semaine type d’entraînement ?
Réponse de Baptiste : Je sors quatre à cinq fois par semaine le midi à proximité de mon lieu de travail, sauf le dimanche près de mon domicile. Je m’adonne à une double séance de fractionnés, l’une en côte (1x10x1’), l’autre sur terrain vallonné (2x10x30’’), le reliquat étant dévolu à du footing lent, soit 30 à 40’, soit une heure au maximum le week-end.
Question de F.V. : Quel est le nombre de participations sur le Défi de Fort-l’Ecluse avant ce millésime 2012 ?
Réponse de Baptiste : Cinq depuis la création de cette manifestation en 2004, avec comme meilleur temps 24’15 en 2010, échouant au pied du podium scratch. L’an dernier, j’avais obtenu cette même position mais en réalisant 53’’ de plus.
Question de F.V. : Comment grimpes-tu le terrible escalier de 917 marches où se joue la course ?
Réponse de Baptiste : Il y a deux ans à l’occasion de mon record personnel, j’ai pu cavaler sur près de la moitié, marchant le restant, alternant deux marches à la fois sur une seule jambe et la seconde sur un seul niveau. Si j’ai pu adopter cette allure, c’est parce que je me suis refusé de partir en trombe sur les 3km initiaux, abordant l’escalier sans que la fraîcheur me fasse défaut.
Question de F.V. : Ce qui n’avait pas été le cas en 2011 ?
Réponse de Baptiste : Effectivement, car j’avais arpenté beaucoup trop vite la portion précédant l’escalier où j’avais d’emblée explosé, me contraignant alors à marcher tout le long. Ayant tiré la leçon de cette déconvenue, je ne renouvellerai bien sûr pas cette erreur de néophyte !
Question de F.V. : Participeras-tu cette saison au Challenge de la montagne ?
Réponse de Baptiste : Non, même si avec le Défi de Fort-l’Ecluse, j’aurais honoré de ma présence les trois premières étapes, me classant 7ème sur la Montée des Jonquilles le 17 mars à Coligny et 3ème sur le Trail de Douvres le 1er avril.
En vérité, je n’ai plus rien à prouver sur ce challenge, recherchant avant tout le plaisir avant la performance. D’autre part, je n’aime guère me fixer des objectifs trop longtemps à l’avance, optant au coup par coup. Je sais quand même que je serai du peloton sur le néo-Trail du Mont Musièges (près de Frangy en Haute-Savoie), la veille du Défi à Léaz. Sans omettre le 18km de la Transju’Trail le 3 juin.
Propos recueillis par François Vanlaton pour le compte également de la page sports de l’édition de Bellegarde et Pays-de-Gex du « Dauphiné Libéré », en date du vendredi 27 avril 2012.
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