RECIT DE THE NORTH FACE TRANSGRANCANARIA (126KM) PAR CAROLINE CHAVEROT / 01-02 – 03 – 14

 

Un long récit :           Ma première erreur, pour cette Transgrancanaria, a été de voyager la veille. En effet, le voyage a été long, avec beaucoup de retard à Madrid, et mon arrivée à Las Palmas a été très compliquée, puisque je m’étais trompée, avec une réservation pour La Palma, qui est une autre île !!! Du coup, pas de voiture et beaucoup de stress. Grâce à une rencontre fortuite avec Marco, un des organisateurs, je peux finalement rejoindre mon appartement, mais j’y arrive très tard. Et le soir, en essayant de m’endormir, tout le stress accumulé me rend très agitée et m’empêche de trouver le sommeil… et lorsque je me réveille, il est seulement 5h30, et impossible de me rendormir !

Je me rends bien compte que je cours à la catastrophe, mais plus j’essaie de dormir, plus le sommeil me fuit ! A ce moment là, j’aurais dû avoir la lucidité de tenter de transférer mon inscription sur la course de 83km, qui ne part qu’à 6h du matin le samedi. Mais, la tête dans le guidon, je n’y pense même pas.

Le vendredi matin, je profite agréablement du soleil, en me promenant dans les dunes, puis en participant à une petite séance photo avec Cyril Bussat, Julien Chorier et Pascal Blanc. Et l’après-midi, je passe des heures à tenter de dormir. Je finis par y arriver, mais le soir, je me rends bien compte que je suis fatiguée : j’ai des cernes, le visage couvert de plaques rouges, je fais peur à voir..

Le voyage en car en direction du départ se passe agréablement, en compagnie de Pascal Blanc, dont la gentillesse et l’accessibilité m’émerveillent. On arrive à 23h à Agaete, où il fait froid et il pleut légèrement. Le temps de me préparer un peu, et me voilà dans le sas de départ.

Les premiers km, je n’ai pas vraiment de sensations, et serais bien en peine de dire si je suis en forme ou non. En tout cas, je ne me laisse pas emporter et ne vais pas jusqu’à l’essoufflement. Dans le noir, je ne vois pas où sont les autres filles, et suis persuadée qu’elles sont au moins 5 ou 6 devant. Au bout de 5 mn, je me fais dépasser par Nuria Picas, qui avance très vite. Moi, je monte tranquillement, sans avoir l’impression de me fatiguer. Le début a l’air beau, avec un beau sentier caillouteux et raide, comme je les aime. On rejoint ensuite des pistes, dans un brouillard tenace. Au bout d’un moment, vient une descente bien raide et glissante, et je tombe deux fois, sans gravité aucune. Je me prends aussi un cactus et, en tentant de retirer les épines de mes doigts, je me perds un peu, mais heureusement, je retrouve mon chemin. Jusqu’à 15-20 km de course, le parcours a l’air vraiment sympa, mais il fait nuit et il pleut, alors je ne vois rien. Ma Nao fait le halo dans le brouillard, ce qui m’aveugle complètement, et me fait perdre du temps dans les descentes. Mais cela ne me préoccupe pas plus que cela, car je me dis que la course est longue. Je tente surtout d’être économique dans mes foulées.

Au bout de 20 km, et jusqu’au 50e km à peu près, le parcours est peu intéressant : beaucoup de routes goudronnées, ou alors des chemins agricoles qui contournent des villages sans intérêt, tout cela cause chez moi une grande lassitude, accentuée par la nuit, la pluie, le brouillard. Ce dont je ne me rend pas tout de suite compte, c’est que mon entraînement hivernal ne m’a pas préparé à cette course parcourue presque uniquement sur des sols très durs. Les descentes raides et goudronnées tapent et, insensiblement, mes muscles commencent à saturer.

Je connais aussi des problèmes de ravitaillement. Les produits disponibles aux ravitaillements ne me plaisent pas, ou peu, alors que je comptais largement dessus pour me ravitailler. Je bois trop de coca, bref, je gère mal à ce niveau là.

Vers 5h30, je commence à avoir sommeil. A 7h30, l’envie de dormir devient irrépressible, mais heureusement, il fait jour et le paysage devient très beau, avec une belle végétation. Je m’arrête 5 mn sur une pierre et ferme les yeux. Cela me fait du bien, et je connais, pendant 1h30, une belle amélioration de mon état. Le soleil et les beaux paysages me régénèrent réellement. Puis, vers 9h, alors que j’ai parcouru environ 65-70 km, je me rends compte que cela ne va plus du tout. Sur une portion de route goudronnée légèrement descendante d’environ 3 km, je suis presque incapable de courir. Les jambes sont toutes dures et chaque pas me fait à la fois mal à la tête et mal à l’estomac. J’appelle mon mari, et lui dis que je vais abandonner. Il m’encourage, me dit que rien n’est perdu, que je suis encore 4e, que je peux m’arrêter, me reposer… Alors comme le paysage est splendide, je décide de monter jusqu’à Roque Nueblo. Je fais plein de pauses, mouille ma casquette, regarde le paysage, et m’étonne de ne toujours pas me faire dépasser par la 5e fille. Arrivée sous Roque Nueblo, une incoercible envie de vomir me submerge, et me voilà qui vomis au bord du chemin. Je me dis que je vais quand même tenter de rallier l’arrivée, mais chaque pas, sur le chemin légèrement descendant me cause des douleurs à la tête… et il reste 45 km. La mort dans l’âme, j’appelle l’organisation et leur dis que j’arrête.

Je marche ensuite tranquillement, malheureuse comme un caillou, mais en profitant quand même de cette partie somptueuse.

Deux jours après, je suis déçue, mais pas amère. Au contraire, je vis cela comme une expérience enrichissante et pleine d’enseignements. Voici les leçons que j’en retiens :

 

– Je pense avoir eu un peu « la folie des grandeurs ». Après une belle saison 2013, et deux trails de 100km, j’ai pensé que je pouvais pousser le bouchon un peu plus loin. Je réalise maintenant qu’il y a un cap entre 100 et 125 km, et que, surtout en début de saison, je ne suis pas encore prête à franchir ce cap.

– Je réalise que, pour viser une réussite sur un trail si long, il faut consacrer un temps énorme à l’entraînement. Temps dont je ne dispose pas. Je travaille à plein temps et ai 3 jeunes enfants que je veux voir grandir. Je pense pouvoir m’entraîner parfaitement pour des courses entre 60 et 100 km. Les ultra plus longs, je les réserve pour dans quelques années.

– Sébastien Chaigneau, Guillaume Millet le disent bien : l’Ultra est un plat qui se mange froid. Il faut du temps pour habituer l’organisme, tant au niveau digestif que musculaire. J’étais vraiment trop juste.

– Pour bien réussir un trail, il faut arriver sur place préparée et reposée. Avec mes ennuis de santé, je n’étais pas préparée. Et un voyage tel que je l’ai vécu, la veille de la course, c’était juste n’importe quoi.

– Je dois trouver de meilleures solutions au niveau de l’alimentation. Mes barres Amelix, mes gels et mon hydrixir bio de Overstims conviennent très bien, mais il faut que j’ajoute un aliment salé et consistant pour la longue distance. Je vais essayer de me bricoler un gâteau salé et sans gluten tout bio tout bon et facile à emporter et à conditionner en petits cubes. Joli challenge culinaire 🙂

 

En conclusion, un grand merci à ceux qui me soutiennent et me font confiance (Milles excuses pour ne pas avoir pu honorer cette confiance) :

– Hoka One One, que je ne remercierai jamais assez, tant pour la qualité de leurs chaussures que pour la gentillesse de Christophe Aubonnet.

– Le CABB, mon dynamique club du bassin bellegardien, managé par le grand champion qu’est Didier Traoré.

-X-Bionic et X-Socks, dont la qualité des textiles (fabriqués en Italie) ont une fois encore fait leurs preuves. En passant de 7° à 25°, je n’ai jamais eu ni chaud, ni froid. Merci à Laurent Valette pour ses SMS qui m’ont fait chaud au coeur avant la course !

– Overstims, dont la gamme bio me convient à merveille ! Je suis aussi totalement séduite par leur accueil et leur gentillesse. Je n’ai pas encore exploré toute la gamme de leurs produits et vais aussi regarder un peu du côté de la gamme salée.

– Et enfin, Compex. Je dispose d’un Wireless depuis un mois et constate déjà une nette différence. Après 5000 mètres de descentes, pas de blessure ni même de contracture. Pour moi, c’est une première, puisque l’an dernier, je me suis un peu blessée après tous mes trails avec plus de 4000m de D-. J’ai effectué les programmes de récupération samedi et dimanche, et le résultat a été bluffant. Merci aussi à Dominique Dejose pour son immense gentillesse et sa grande disponibilité.

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Crédits photos : Cyril Bussat pour www.photossports.com


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