PORTRAIT: CANDICE BONNEL, TEAM SALOMON FRANCE
« Le sport ne doit être autre que la principale des choses secondaires ». Si elle vient tout juste de rejoindre le prestigieux Team Trail Salomon, Candice Bonnel s’est déjà imprégnée des mots de son manager, Jean-Michel Faure-Vincent. Plus qu’une simple phrase, c’est une sorte de doctrine que la jeune femme de 22 ans essaye d’appliquer au quotidien. Membre de l’équipe de France de ski alpinisme, plusieurs fois sur les podiums nationaux en trail, la mauriennaise a accepté de répondre à nos questions. Objectifs, dopage, Candice Bonnel n’a éludé aucun sujet. Rencontre.
Pour comprendre comment Candice Bonnel en est arrivée là, il faut remonter 16ans en arrière. En effet, comme beaucoup de jeunes savoyards, c’est en ski alpin qu’à l’âge de 6 ans l’actuelle monitrice à l’ESF de la Toussuire a fait ses premiers pas en compétition. Après 11 ans de compétitions et un passage par le ski-études de Modane, la savoyarde, qui avoue « avoir toujours crapahuté en montagne » change de cap. « Quand j’ai arrêté le ski en compétition, le passage au trail s’est fait naturellement. J’adorais aller encourager mon père sur ses courses et ses raids multisports. Le voir gagner a aiguisé mon envie de franchir le pas. Je ne suis pas restée longtemps sur le bord et ai vite compris que c’est avec un dossard que je prendrai vraiment mon pied. J’ai alors commencé mes premiers vrais entraînements avec l’UAM, le club de Saint-Jean de Maurienne, avec Pierrick Fontaine« . Si l’hiver rend la pratique de la course à pied plus difficile, C.Bonnel a toutefois su s’adapter: « Comme l’hiver la neige recouvre les chemins, je me suis servie de mon passé de ski alpin et de ma nouvelle passion pour le trail pour me mettre au ski alpinisme. Là encore, je n’ai pas été déçue. Ce sport est une pure merveille et représente tout ce qui me fait vibrer: glisse, effort et montagne ». Les résultats n’ont pas tardé à arriver, comme en témoigne sa saison dernière avec un titre de championne de France espoir de km vertical et de vice-championne de France de trail court en 2016, mais également une victoire aux championnats de France de verticale Espoir et une 4ème place aux championnats du monde en individuel en ski alpinisme en 2017.
« La proposition de Salomon tombait à pic »
Alors membre du Team Buff/Hoka/les Saisies, ses résultats ont vite attiré l’œil des plus grands teams français, et notamment du Team Salomon. « J’ai quitté le team Buff/Hoka/les Saisies car celui-ci est un team de détection/formation réservé aux jeunes (jusqu’à la catégorie espoir). Etant donné que j’entre cette année dans la catégorie sénior, la proposition de Salomon tombait à pic ». Si c’est avec enthousiasme que la savoyarde a rejoint la marque qui équipe des noms historiques comme Kilian Jornet ou François D’Haene, Candice Bonnel n’en demeure pas moins nostalgique. « Ca a quand même été difficile de quitter le team Buff, d’autant plus que c’était mon premier team. J’ai passé une année exceptionnelle avec les autres membres, le manager Fred Bousseau et mon entraîneur Pascal Balducci« . Toutefois, « je ne me fais pas de soucis avec Salomon. La saison s’annonce très bien et je suis très fière de porter cette marque qui habille de nombreux coureurs qui me font rêver depuis des années. Je n’ai pas encore couru aux couleurs de Salomon, mais déjà avoir une marque comme celle-là qui me fait confiance c’est très motivant et ça peut m’ouvrir de nouvelles portes. De plus, c’est une marque très réputée donc je suis très flattée, mais je ne souhaite toutefois pas me mettre la pression pour autant et gâcher mon plaisir ».
Si Candice Bonnel intègre une nouvelle structure, elle ne sera toutefois pas dans l’inconnu total. « Je n’ai pas pu me rendre au premier rassemblement à l’occasion du trail de l’Ubaye vu que je partais aux mondiaux de ski. Je n’ai donc pas encore pu rencontrer tout le monde mais j’en connais déjà une bonne partie puisque Robin (Juillaguet) était déjà avec moi dans le team Buff et Gédéon (Pochat) est avec moi en équipe de France de ski alpinisme ».
« Le but est de durer »
Si ce changement de structure laisse présager un avenir radieux, la mauriennaise n’en reste pas moins lucide et prudente sur son avenir. « En 2017, je ne souhaite pas prendre trop de départs. Enchaîner les deux saisons (ski alpinisme l’hiver et trail l’été) peut être une bonne chose, à condition de bien gérer. Le but étant quand même de durer! Cette saison, mes objectifs seront une nouvelle fois les championnats de France de Km Vertical et de trail. J’ai d’autres courses en tête mais j’attends de finir l’hiver pour y voir plus clair ». Si les objectifs de la saison sont donc plus ou moins définis, il n’en va pas de même concernant le plus long terme: « Je ne me suis pas encore vraiment penchée sur le long terme. Je pense quand même augmenter doucement les distances et voir ce que ça donne ».
Le dopage? « On ne se sent pas concernés »
Après les débats plutôt houleux relatifs au dopage qui ont éclaboussé le monde du trail ces derniers temps, on ne pouvait pas ne pas évoquer la question de la sensibilisation des jeunes sportifs de haut-niveau sur ce thème. Est-ce un sujet dont on parle entre sportifs? La réponse est claire: « Peut-être un peu trop naïvement, j’ai envie de croire que le trail et le ski alpinisme sont deux sports plus ou moins clean. Ca nous arrive d’en parler, mais honnêtement ce n’est pas au centre de notre attention. Je pense qu’on ne se sent pas concernés et qu’ont est encore dans notre monde de tout le monde est beau, tout le monde est gentil. Nous sommes peu sensibilisés à ce sujet avec l’équipe de France car je pense que le ski alpi, mais aussi le trail, faute d’être pleinement reconnus, sont au moins globalement préservés du dopage ».
Ainsi, on l’aura compris, si Candice Bonnel a aujourd’hui pris une autre dimension, elle n’en garde pas moins la tête sur les épaules. Pour elle, sport rime avant tout avec partage et plaisir, comme en atteste sa récente participation à la Pierra-Menta avec sa sœur Léna. Et oui, finalement c’est bien vrai: pour C.Bonnel, « le sport n’est que la principale des choses secondaires ».
Hugo PELLETIER
Widget not in any sidebars