PORTRAIT D’ATHLETE: SARAH VIEUILLE
Il y a des athlètes que l’on connaît bien, et d’autres que l’on connaît moins. Sarah Vieuille, 34 ans, fait partie de cette deuxième catégorie. Arrivée un peu par hasard dans le monde de la course à pied après 10 ans de natation, la bordelaise d’origine a très vite trouvé ses marques sur les sentiers. Un titre de championne de France de trail long, des sélections en équipe de France et deux médailles mondiales autour du coup témoignent d’une reconversion réussie. Rencontre.
Bonjour Sarah, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Sarah Vieuille, j’ai 34 ans et suis originaire de Bordeaux où j’ai pratiqué la natation en compétition pendant 10 ans. J’ai atterri dans les Vosges à Saint Dié pour mon stage de fin d’études en 2010 où j’y ai découvert les sports outdoor dont le trail. J’ai remporté ma première course dans la neige aux Bas Rupt à Gerardmer où je réside depuis février 2018. Cette première victoire m’a bien motivée à m’aligner sur un grand nombre de courses du coin. Pierre Beretta, président d’Athlé Vosges Remiremont, m’a alors proposé de participer aux championnats de France de trail à Gap en 2013 puis l’année suivante à Buis les Baronnies où j’ai décroché ma première sélection en équipe de France en 2014. Heureuse surprise ! J’ai ainsi contribué à notre titre de Championnes du monde de trail par équipe à Annecy en 2015.
En 2017, j’ai remporté le titre de Championne de France de trail long à Gerardmer. Un moment inoubliable encore ! J’ai ainsi pu honorer ma deuxième sélection en équipe de France en 2018 lors des Mondiaux de trail à Pényagolosa.
Comment parviens-tu à concilier vie professionnelle et sport de haut niveau ?
Professeur en Sciences Physiques en Collège et Lycée professionnel depuis 2010 à Saint Dié des Vosges, j’ai la chance d’avoir un chef qui me soutient dans ma pratique. Je cale mes entraînements selon mon emploi du temps, soit le matin (parfois très très tôt), le midi ou l’après midi quand je ne travaille pas. A vrai dire, aucune semaine ne se ressemble !
Revenons sur ton titre de championne de France de trail long glané en 2017 à Gérardmer. Avec du recul, comment analyses-tu cette performance aujourd’hui ? Qu’est ce que ce titre plutôt inattendu a changé pour toi ?
Ce fût une énorme surprise ! J’avoue qu’en prenant le départ, je n’étais pas du tout partie en croyant pouvoir décrocher ce titre. Cette victoire m’a donné un peu plus confiance en moi je crois et quel bonheur de gagner sur mes terres que j’affectionne tant. Vosgienne « d’adoption », je suis tellement fière d’avoir honoré nos si beaux sentiers à travers ce trail de la Vallée des lacs, un incontournable pour grand nombre de traileurs dans la région. J’ai été super heureuse finalement d’atteindre ce résultat après toutes ces années marquées par des expériences toutes aussi différentes les unes des autres, avec pas mal de blessures aussi, et des rencontres formidables. La satisfaction fut d’autant plus grande qu’effectivement « les médias » n’avaient pas trop misé sur moi.
Tu es une athlète très polyvalente, avec de bonnes références du 10km à l’ultra trail, comment expliques-tu cela?
Je pense que cette polyvalence vient de ma pratique de différents sports toutes l’année en fonction des saisons (trail, vélo, VTT, natation, randonnée, ski de fond, ski de rando et alpinisme). Avant que Philippe Propage me suive, je pratiquais ces sports toujours en mode « plaisir », selon les envies du moment et en allure endurance. Depuis 2018, Philippe Propage me suit dans mes entrainements et j’avoue avoir senti la différence notamment dans la tonicité et la vitesse même si « se faire un peu mal » aux entraînements n’était pas trop ma philosophie à la base!
Philippe a su adapter mes entraînements à ma philosophie et à mes besoins, ce qui en fait un excellent coach ! Il me fait beaucoup travailler la vitesse sans trop charger la mule et en combinant avec toutes mes activités « extra-scolaires » ! Grand respect pour lui !
Si 2017 fût donc une saison pleine de réussite, quel bilan tires-tu de ta saison 2018 ?
Cette saison a démarré en demi teinte. En effet, fin novembre 2017, j’ai encore contracté une fracture de fatigue qui a traîné tout l’hiver. Du coup ma participation aux Mondiaux en Espagne était compromise pour ma part mais Philippe m’a encouragée à y aller, chose que je n’ai pas du tout regretté. Mais avec seulement 1 mois d’entraînement, les 85 bornes ont été un peu dures à avaler ! La suite de la saison n’a été que satisfactions sur satisfactions avec notamment une belle victoire à Verbier Saint Bernard, au trail des Aiguilles Rouges et « the finish » avec ma seconde place aux Templiers derrière Azara Garcia ! Ce fut une année exceptionnelle à tous les niveaux. De beaux voyages, de belles rencontres et des aventures inoubliables.
Quels seront tes objectifs en 2019 ? Et à plus long terme ?
En 2019, je commencerai avec la course du Ventoux puis je candidaterai pour la sélection en équipe de France à Buis les Baronnies. En fonction du résultat, je participerai aux Mondiaux au Portugal début juin si je suis sélectionnée. Début juillet, je m’alignerai sur le High Trail Vanoise puis l’Eiger trail fin juillet. Les Championnats de France à Méribel mi août puis Le triathlon XL de Gerardmer début septembre seront aussi des épreuves auxquelles je participerai. Enfin, j’ai aussi coché le trail du Petit Saint Bernard début octobre et les Templiers fin octobre à nouveau.
2019 sera également une année nouvelle pour moi car j’ai la grande chance d’avoir intégré le team La Sportiva cette année et serai fière de représenter les couleurs de cette marque orientée sports de montagne et très polyvalente, un peu à mon image en fait (rire).
Et à plus long terme… c’est déjà du long terme une année pour moi !!
Justement, tu participeras au trail du petit Saint-Bernard en octobre prochain, course réputée pour la particularité et la beauté de ses paysages. Pourquoi un tel choix ? En fais-tu une course objectif de ta saison ?
Effectivement, cette course me tient particulièrement à cœur et je suis tellement heureuse de pouvoir y participer. Je la lorgne depuis pas mal de temps pour ses paysages grandioses il est vrai et pour sa technicité. Les photos que je vois tourner chaque année me donnent l’image d’une vraie course alpine et bien sauvage comme je les aime. Une course avec un nombre raisonnable de participants aussi…Je sais que je ne serai pas déçue du voyage ! Ce sera donc un objectif 2019 oui !! Hâte d’y être!
Plus largement, quel regard portes-tu sur le monde du trail aujourd’hui ?
Je pratique cette discipline comme je l’entends et reste un peu loin de ce qui se passe en amont. J’essaie de garder les pieds sur terre au maximum et de vivre ma passion pleinement tout en restant réaliste par rapport à tout le côté médiatique qui a pris énormément d’ampleur. Avec les années, j’ai vu que les choses évoluaient mais à petits pas et ce au détriment des athlètes. En effet, le trail n’étant pas une discipline olympique, il est encore difficile d’être considéré comme sportif de haut niveau avec tout ce que cela peut engendrer (aménagement pour les entraînements et les déplacements, aides financières, prise en charge médicale sérieuse,…). J’avoue que le côté médiatique m’exaspère un peu parfois et je trouve ça triste que pour certains le nombre de like ou de followers sur Instagram prime sur la performance propre de l’athlète.
Le ton est donné, espérons pour Sarah Vieuille que 2019 soit aussi prolifique que 2018.
Hugo PELLETIER
Propos recueillis par Hugo PELLETIER pour TPSinfos
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