RESULTATS, COMPTE RENDU, PHOTOS ET VIDEO DE LA TRANSVULCANIA / 07-05-16

NICOLAS MARTIN IMPRESSIONNANT D’AISANCE ET D’AUDACE

 

Le Villarin était venu aux Canaries dans l’idée de faire un truc. Il se sentait bien, très bien même. La veille du départ, il avouait vouloir jouer le top 10 voire mieux peut être, mais certainement pas aller chercher Luis Alberto Hernando et pousser le double vainqueur de l’épreuve dans ses retranchements. Récit d’une chevauchée fantastique.

A 6h du matin, lorsque Nicolas prend le départ à Salida Faro de Fuencaliente il porte le dossard N° 1044, un dossard de coureur anonyme, au milieu de presque 2000 concurrents. Invité de dernière minute, le traileur du team Hoka a même du se payer son billet d’avion contrairement à bon nombre de ses pairs. Inconnu dans le circuit de Skyrunning il n’était même pas cité (ou très peu) parmi les favoris, hormis par la presse française reconnaissant bien sûr sa belle progression et ses exceptionnelles qualités physiques.

Prudent, Nicolas se noie dans le peloton de tête et passe seulement 8ème à Los Canarios au km 7, zone du 1er ravitaillement où une ambiance magique attend les coureurs alors que la pénombre règne encore en maître. La montée vers Las Deseadas au km16 se passe fort bien pour le savoyard qui après coup nous avouera que ce rythme de sénateur « semblait plus s’apparenter à une randonnée active ». Si le peloton est encore plus ou moins compact en début d’ascension très vite il se disloque et 3 hommes forts se détachent du peloton. Sage Canaday mène le bal, suivi par l’espagnol Luis Alberto et Nicolas Martin. Tous trois semblent pour le moment au-dessus du lot. Et ils volent sur ce sentier somptueux des volcans et ses vues imprenables de l’île jusqu’au ravitaillement d’El Pilar situé dans une forêt luxuriante à 1440m d’altitude. Nous sommes seulement au km24. Les dégâts sont déjà considérables lorsque les hommes de tête parviennent ensuite à Roque De los Muchachos. Sur les montagnes russes menant au mythique sommet de La Palma un cratère géant à 2400m, haut lieu d’observation …, Nicolas a même pris un moment la seconde place devant Hernando qui connaissait un petit moment de relâchement. Mais à Los Muchachos, Nicolas pointe à la 3ème place, n’accusant que 2 minutes de retard sur l’américain du team Hoka Sage Canaday.

Dans la longue et périlleuse descente qui conduit les athlètes d’abord sur Torre del Time (point d’arrivée du KV de jeudi soir) puis à Tazacorte, la donne va changer, boulversant au passage les plans de l’américain qui espérait secrètement une victoire à la Transvulcania. Hernando connaît son terrain de jeu (déjà double vainqueur de l’épreuve) et prend enfin la tête des opérations, porté par son public toujours plus criard. A Tazacorte au km 69, Hernando passe donc en tête en toute logique. Tout le monde attend Canaday second mais Nicolas en avait décidé autrement. Très en l’aise en descente, il se permet de revenir en seconde position, à la stupéfaction générale. Les français, postés de part et d’autre du parcours sont aux anges et soutiennent leur poulain. L’écart avec Hernando est relativement faible, tout est encore possible. Serein, concentré, sur-motivé, Nicolas prend le temps de se ravitailler et repart de plus belle espérant avoir en point de mire Luis Alberto. Mais ces 5 derniers kilomètres sont longs à souhait et la montée vers Meta Los Llanos di Aridane va faire mal au vainqueur du Ventoux 2016. Les crampes arrivent, les jambes commencent à être lourdes. En fervent combattant, Nicolas donnera tout jusqu’au bout pour finalement aller franchir la ligne d’arrivée à 6min d’Hernando.

Les bras levés vers le ciel, acclamé par une foule en liesse, Nicolas est heureux et savoure cet instant magique. Partageant avec le public la traditionnelle bouteille de champagne, il se rend compte que sa performance à la Transvulcania est exceptionnelle « C’est la meilleure performance française ici terminer 2ème et avec ce temps incroyable de 7h10’40. Je n’en reviens toujours pas. Mon entraîneur Patrick Bringer m’avait bien briefé sur le parcours que j’avais pris le temps d’étudier soigneusement. Patrick détenait le record français jusque là, et je ne peux que le remercier pour son soutien et ses conseils. »

Patient, Nicolas attend et salue bon nombre d’autres concurrents en particulier ses compatriotes comme Aurélien Collet qui termine à la 9ème place. Côté savoyards nous attendions aussi Julien Coudert. Malheureusement, le coureur du team Craft a du se résigner à finir en mode randonnée après avoir contracté de tenaces crampes au km30. Quant à son amie Juliette Bénédicto, la diététicienne ne verra pas la ligne d’arrivée contrainte d’abandonner au km 48. « Je souffrais cruellement d’entraînement et je me dis que les distances au-delà de 50km ne sont peut être pas faites pour moi. » Après la seconde place de Christel Dewalle au Kilomètre Vertical jeudi soir derrière l’anglaise Emily Collinge, les Pays de Savoie peuvent être fiers de ses ambassadeurs. Chez les féminines, la française Anne Lise Rousset (Oxsitis) qui prend la seconde place derrière l’intouchable traileuse du jour, la Suédoise Ida Nilsson (Salomon), réalise un superbe exploit et rentre elle aussi dans l’histoire de cette course déjà mythique !

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Nicolas Martin

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Nicolas Martin

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Anne Lise Rousset

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Anne Lise Rousset

 

Les réactions du couple haut-savoyard Julien Coudert (craft) et Juliette Benedicto (salomon) qui ont particulièrement souffert sur cette édition :

Juliette : « Pour ma part, j’ai senti dès le début que je n’avais pas de force dans les jambes durant la longue montée pour aller à El Pilar (22e km) : j’étais collée à la pouzzolane !!! J’ai déjà eu beaucoup de mal à rejoindre ce premier gros ravitallement mais je voulais absolument aller au bout de cette course ! L’ambiance y est telle que les gens vous poussent vers l’avant. Et puis sur le plat qui suit ce ravitaillement, impossible de dépasser les 10 km/h donc la route allait être longue… Petit à petit la douleur à l’ischio est revenue, puis dans les genoux, puis la hanche à force de boîter à moitié… bref, de 10 km/h je suis passée à la marche ne dépassant pas les 2 km/h !! J’ai donc arrêté au 46e km pour ne pas finir en miettes (la dernière descente de 18 km m’aurait achevée…), et en espérant repartir pour la suite… La leçon que j’en tire c’est que pour moi, c’est la fin des « ultra ». La fin des trails de plus de 46 km. Non, sans blaguer, je ne ferais plus de trails de plus de 50 km je n’arrive pas à me faire plaisir au delà de 5-6 heures d’effort.

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Julien : « Après quelques jours la tête fait moins mal…Ce samedi alors que je pensais sincèrement être en forme, je suis passé au travers de la Transvulcania. Un départ tranquille jusqu’au 24ème km seul dans ma bulle, je sens que ce ne sont pas les jambes du siècle mais la route est longue! Puis à la sortie du 1er ravito plus de cannes, des douleurs aux ischios, au dos, aux mollets…Bref, partout et ce sera le début d’un long calvaire me menant tant bien que mal à l’arrivée. Session de rattrapage dans 3 semaines sur la maxi race en espérant avoir retrouvé un peu ma tête, pas mal de fraîcheur et surtout mes jambes. »

 

Article d’ Alexandre Garin.

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