COMPTE RENDU DE L’ULTRA MONTEE DU SALEVE / 09-04-11
BIZET DANS UN MOUCHOIR, BORCARD SEULE AU MONDE !
De toute évidence, ce second opus de l’Ultra Montée du Salève, disputé au cœur du Genevois haut-savoyard, aura fécondé une nouvelle page dans la légende de la course nature.
Authentique gageure consistant à multiplier les grimpées le plus vélocement possible sur 6 heures ininterrompues, via 3289m pour 663m de dénivelée, l’épopée n’aura cessé d’être indécise jusqu’à son postlude. Actions d’éclat, défaillances passagères ou fatales, hurlements de bonheur ou gémissements, les rebondissements auront pullulé mais sans jamais s’extirper de l’atmosphère oh combien magnanime qui sied si bien aux trailers. Rebondissements qui ne pouvaient que combler de joie la foultitude massée à 1097m d’altitude devant la gare supérieure du téléphérique du Salève, où la furie laissait place à la rémittence pour les 111 avaleurs de cime qui avaient osé braver la pente de catastrophe ascensionnant le donjon genevois.
Coureur de montagne versus ultra-trailer
A l’image des Ligériens Julien Rancon et Emmanuel Meyssat, c’est un montagnard pur jus, en l’occurrence Ivan Bizet, qui se sera immiscé avec succès dans le landerneau du trail. Considéré comme l’un des meilleurs Hexagonaux dans sa discipline (12ème aux Championnats de France 2010), l’Auvergnat aura décroché la timbale en 4h41’58 après avoir dévoré 8 montées.
Ayant vu le jour le 29 juillet 1980, de belle corpulence (1m80 pour 60kg), ce pensionnaire de l’Entente Athlétique Moulins Yzeure Avermes n’aura été observé qu’à une seule occasion sur trail longue distance : la 6000D 2008, où il avait dû abdiquer en raison d’un fourvoiement peu avant le glacier sommital alors qu’il occupait… la tête de course.
En substance, sa stratégie aura payé. Parti au taquet avec le Faucignerand Olivier Morin, 33 ans, et le Cantalien Christian Malbo, 47 ans, il s’adjugeait la 1ère position au terme de la 4ème grimpée. Sa percée était suffisamment conséquente pour contenir d’extrême justesse, à compter de la 5ème ascension, la résurrection de l’ultra-trailer bas-valaisan Matthieu Girard. Agé de 38 ans, comptabilisant dans son palmarès cinq UTMB (apogée en 2008 avec un 7ème rang), celui-ci devait conclure à la vitesse de la lumière après s’être élancé prudemment. Dans un épilogue digne des meilleurs scénarios hitchcockiens, Bizet, si épuisé qu’il pensait abdiquer après la 6ème montée, n’en préservait pas moins son avance sur l’Helvète pour… 20 infinitésimales secondes.
Quant à Morin, en perdition sur les 5ème et 6ème grimpées, perclus de crampes qu’il était, il sortait opportunément la tête de l’eau pour assurer le podium, à 6’ environ des deux fuyards. Finalement, c’est une tétrade qui aura réussi la prouesse de gravir à huit reprises la rampe. En effet, elle englobait encore Romain Buschino, revenu du diable vauvert pour terminer 4ème à 5’46 de Morin, Malbo rétrogradant à la 5ème place après avoir capitulé en clôturant la 7ème côte. Agé de 30 ans, ce triathlète résidant à Gaillard, nouvellement à l’Athlé Saint-Julien 74, souffre incontestablement d’un déficit de notoriété nonobstant son fait d’armes sur la Grande Course des Templiers 2009 (21ème).
Borcard en récidiviste
Aux antipodes de leurs alter ego masculins, il n’y eut pas la moindre once de suspense chez la gent féminine où trois d’entre-elles eurent l’énergie nécessaire pour renouveler sept fois l’assaut de l’épouvantable rempart. Déjà victorieuse l’an passé, Colette Borcard, Suissesse de 46 ans du pays de la Gruyère, surclasse ses émules en bonifiant son chrono de 3’25 (14ème au scratch). Ses dauphines, la Néerlandaise Stijntje Reulen Langel, 43 ans, et La Cluse Christiane Lacombe, 51 ans, toutes deux licenciées à « Saint-Ju », achèvent quant à elles leur odyssée, respectivement seconde à 26’39 et 3ème à 31’41 de l’Helvète.
Et là encore, c’est une montagnarde qui dame le pion aux traileuses, la Fribourgeoise du Club Sportif Neirivue étant une grande spécialiste des grimpées sèches. En particulier du km vertical (à Fully, record en 39’17 en 2006, 3ème en 40’50 en 2010), même si pareillement elle brille sur l’ultra (triomphe sur l’UTMB 2004).
François Vanlaton pour le compte du site Web « Trails Endurance Mag », en date du dimanche 10 avril 2011 :
http://dev.endurance-mag.com/actus/trail/2e-ultra-montee-du-saleve-bizet-dans-un-mouchoir-borcard-seule-au-monde/?tx_bipagelist_pi1%5Bp%5D=31
PHOTOS :
Elles ont été prises par Pierre-Louis Zajac, correspondant du Pays du Mont-Blanc pour la course à pied au « Dauphiné Libéré », que je tiens à remercier chaleureusement pour leur transmission.
Les deux premières ont été tirées un peu avant la gare supérieure du téléphérique du Salève, terme de l’ascension, les trois autres après la compétition.
L’Auvergnat Ivan Bizet, vainqueur en 4h41’58 en 8 montées.
La Fribourgeoise Colette Borcard, lauréate en 4h32’17 en 7 montées, nouveau temps référence de l’épreuve.
Le podium scratch avec de gauche à droite, le Bas-Valaisan Matthieu Girard (2ème en 4h42’18 en 8 montées), l’Auvergnat Ivan Bizet (1er en 4h41’58 en 8 montées) et le Faucignerand Olivier Morin (3ème en 4h48’16 en 8 montées).
Le podium féminin avec de gauche à droite, la Néerlandaise Stijntje Reulen Langel (2ème en 4h58’56 en 7 montées), la Fribourgeoise Colette Borcard (1ère en 4h32’17 en 7 montées) et La Cluse Christiane Lacombe (3ème en 5h03’58 en 7 montées).
Le Faucigny à l’honneur, avec deux de ses illustres ambassadeurs, Rachel Bontaz (5ème femme, 3ème V1 et 37ème au scratch en 4h22’40 en 6 montées) et Olivier Morin (3ème et 3ème senior en 4h48’16 en 8 montées).
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