COMPTE-RENDU DE LA SANGE’RUN (PAR ALEXANDRE GARIN) / 16-11-14

PERRIER, LE ROI DE LA GLISSE

 

Franck Gorry et Gwen Masson-Schaeffer les deux sportifs émérites coorganisateurs du trail de la Sange’run ne s’attendaient pas à pareil succès. De 250 concurrents habituellement, le compteur aura littéralement explosé franchissant le nombre de 400 sur les deux épreuves. Une journée automnale agréable, plutôt ensoleillée, la possibilité de s’inscrire sur place, des ingrédients qui auront fini par attiré une foule de traileurs, heureuse d’être à la fête sur les contreforts des Bauges pour ce dernier bal de la saison.

 

On attendait Antoine Jannin le sociétaire du Club Athlétique du Bassin Bellegardien (CABB) ou Bruno Freudenreich de l’Entente Athlétique de Chambéry sur le devant de la scène. Mais finalement ni l’un ni l’autre ne montera sur le podium. Le premier cité aura été contraint de déclarer forfait victime d’une vive douleur à la cheville contractée suite à une sortie de vélo. Quant au second, bien que parti aux avant-postes, sa belle performance lors du Trail de Montagnole dimanche dernier, viendra le rappeler à l’ordre, démontrant une fois de plus que le pic de forme est sommaire. « Les jambes étaient encore lourdes et ma récupération insuffisante, mais je me suis bien battu jusqu’au 6km avant de terminer en roue libre car je ne pouvais rien faire, pour accrocher la 12ème au final ». On aurait pu alors voir débouler d’autres habitués de l’épreuve comme Frédéric Thérisod du CABB ou le jeune ex-cycliste de haut niveau Robin Cattet. Finalement, le mont Peney aura souri aux coureurs voisins, venus d’Isère ou de Haute-Savoie assez méconnus dans les pelotons savoyards.

 

Lorsqu’à 9h le départ de La Sange’run fut donné, un parcours de 22km pour 1300m de D+, très vite quelques coureurs se détacheront dans les bosses très sélectives au-dessus de Saint-Jean-d’Arvey et du côté de Lovettaz. Deux hommes pointaient en tête : le fondeur de Chamrousse, Nicolas Perrier, et l’habitant de Saint-Nicolas-de-Véroce, spécialiste des km verticaux, Adrien Perret. Mais pour Perrier, dans le top 5 il y a deux ans la course à pied est devenue une affaire sérieuse. Membre du Team Grenoble de ski nordique, l’entraîneur coach se prépare pour les épreuves « longue distance » cet hiver, Foulée Blanche et Transjurasienne en particulier. « Je me suis mis à m’entraîner sérieusement à pied et j’ai participé cet été à quelques beaux trails (13ème à la CCC, 12ème à la 6000D et 1er du Trail d’Albertville) ». Le récital est donné et Perrier abordait ce terrain de jeu glissant et boueux à souhait avec la plus grande aisance. « On était ensemble dans la montée du col de la Doria et jusqu’au mont Peney (1237m) avec Adrien Perret mais une fois la descente lancée, j’étais plus à l’aise et j’en ai profité pour partir seul devant ». Une belle aubaine pour ce spécialiste de la glisse qui fera ensuite cavalier seul pour conclure l’affaire en 1h50’35. Pour Adrien Perret, spécialiste de la grimpette, qui affectionne particulièrement les km verticaux et autres courses de Skyrunning, il n’aura pas pu rivaliser en descente et s’offrira donc une belle seconde place en 1h52’47. Le jeune traileur de 24 ans détenteur d’un BE cyclisme est actuellement à la recherche d’un emploi dans sa branche. Mais en attendant il se prépare activement pour la saison 2015 de Skyrunning et nous le verrons à l’œuvre l’été prochain à Val-d’Isère, à Chamonix et en Italie.

 

Derrière ce duo de tête, c’est un autre haut-savoyard qui montera sur la 3ème marche du podium. Le militaire du 13ème BCA, Laurent Marconnet, aura bien réussi sa sortie pour une première venue sur la Sange Run « C’était un parcours boueux et très technique qui me convenait parfaitement. Je manquais d’entraînement spécifique et surtout de compétitions car je rentrais d’Opération à l’extérieur.  Je n’avais rien fait depuis le printemps (Ventoux, Maxi-Race, Grimpée du Laudon) mais je suis très à l’aise sur ce genre de parcours technique » commentera ce touche à tout qu’on verra davantage cet hiver en ski alpinisme, cross et trails blancs. Premier savoyard, le Tarin Frédéric Thérisod, sociétaire du CABB, n’aura pas manqué une fois de plus de faire preuve d’expérience en gestionnaire confirmé. « Dans la montée j’étais longtemps à la lutte avec Robin Cattet et puis je suis passé devant lorsque Bruno Freudenreich a aussi décroché au km6. » Et une victoire de plus en vétérans dans l’escarcelle. Il devance ainsi le régional de l’étape Marc Desseux qui courait à domicile « J’habite aux Charmettes, un village tout proche situé sur la parcours. Je connais chaque chemin comme ma poche c’est vraiment super de faire un trail sur ses terrains d’entraînement »  confiait le skieur de fond en pleine préparation du Marathon Ski Tour. Pour Robin Cattet, longtemps aux prises avec Thérisod, « les descentes furent difficiles et j’ai du lâcher prise ». Pourtant, l’ex – cycliste de haut niveau (vainqueur de la Cyclosportive l’Etape du Tour en 2012) a fait du trail sa reconversion. « Avec mon travail sur Macon, je n’arrivais plus à m’entraîner correctement en vélo, le trail c’est plus simple à gérer et les courses de 20-25km me conviennent bien ».

 

Chez les féminines, Corail Bugnard, la sociétaire du CABB et membre du Team Tecnica Trail, domine le mont Peney en 2h16’ (27ème place au général), « c’était ma première participation sur ce trail. Le parcours était si boueux que j’avais l’impression de surfer dans les descentes. Mais la vue en haut du mont Peney était magnifique ». Pas toujours facile de profiter du paysage au début car longtemps à la lutte avec sa première concurrente, qu’elle aura réussi à lâcher à 200m + du sommet. L’étudiante en vétérinaire de Lyon est tenace et dès son envol pris, rien ne pourra plus l’arrêter pour s’offrir une victoire de plus sur le circuit automnal (après Drumettaz-Clarafond et Montagnole).

 

C’est ainsi que Sabine Ehrstrom, étudiante en STAPS à Grenoble, et membre du Trail’u Grenoble aura du céder dans la montée menant au Col de la Doria face au train d’enfer imprimé par l’étoile montante de Tresserve. « Je reviens de blessure après une fracture de la main et de toute façon je ne pouvais rien faire face à Corail elle avait de meilleures relances et elle descend mieux que moi. Je suis très heureuse de ma place et j’ai trouvé que c’était un parcours magnifique, ponctué de jolies éclaircies. Escalader un sommet était un bel objectif de parcours. C’était également une très bonne préparation pour le Festitrail d’Autrans que je disputerai début décembre. »

 

Quant à Claire Régnier, l’étudiante membre de la section trail de l’Université de Savoie, sa 3ème place « inattendue m’aura ravie pour une de mes rares sorties en mode compétition ». Elle devance Maelle Mugnier d’Aix-les-Bains créditée de l’excellent chrono en 2h26’17.

En 5ème position chez les féminines l’incontournable Josiane Picollet sera revenue progressivement aux avant-postes, d’abord pointée 9ème puis 7ème « après avoir pris mes marques dans la montée » et enfin 5ème dans les dernières difficultés. La traileuse de l’APDC aura une fois de plus fait parler l’expérience et le talent, une forme qu’elle entretient depuis sa 4ème place sur l’Endurance Trail des Templiers, et bien sûr à chaque fois la victoire en V2.

 

 

SUR LE 11KM, BREDY ET CHAMIOT-PONCET ONT BIEN GERE

Sur le Petit Sangerain de 11km pour 500m de D+, la lutte fut plus serrée, mais pas moins boueuse à souhait, pour le plus grand bonheur d’Antoine Bredy qui pourtant « plus habitué à la route et à la piste », fut auteur d’un excellent finish et lâchera son rival, le pompier de Boug St Maurice Pascal Ghelma, classé second. De bon augure pour la Saintélyon que ce dernier disputera début décembre. Tous deux devancent Paul Burette, jeune espoir d’Héry-sur-Alby, un étudiant savoyard qui s’entraîne avec le SUAPS au sein du groupe trail de l’organisateur Gwen Masson Schaeffer. L’Etudiant en STAPS touche à tout (ski de fond, VTT) aura « apprécié ce beau parcours très technique ». Peu après le trio de tête d’autres coureurs connus se seront bien amusés sur le petit parcours, à l’image de Ludovic Varenne l’organisateur du Nivolet Classic qui connaissait le parcours sur le bout des doigts. « A quelques détails près c’est un peu le même parcours que le nôtre mais à l’envers. J’étais un peu derrière dans la montée mais j’ai lâché les chevaux dans la descente que je connais par cœur et je me suis vraiment fait plaisir ».

 

Chez les filles, Anne Lyse Chamiot-Poncet (CABB) qui surfe à nouveau sur la vague du succès n’aura laissé aucun espoir à ses rivales. « Les sensations sont vraiment bonnes depuis la Chambérienne, ma pause m’aura vraiment fait du bien car j’étais en surentraînement au terme de la saison 2014. J’ai bien géré mon effort malgré un départ assez rapide et je n’ai pas fait de fautes techniques malgré la boue et le terrain glissant sur lequel la chute était vite arrivée». Elle devance Zuzanna Chateau de Chambéry Triathlon 2ème, pourtant « en jambes cette fin de saison » et Aurélie Caucal de Jacob 3ème, de retour à la compétition « Après une longue pause pour cause de maternité, je reprends le trail en douceur. Je ne pensais pas être sur le podium car je ne bénéficie encore pas d’un super entraînement et la forme était moyenne » confiait celle qui avait terminé 2ème du 22km sur l’édition 2012 derrière Sylvie Negro ! Claire Jouchoux, l’espoir d’Annecy, prendra la 4ème place. « Plus habituée aux 10km c’était une première mais j’ai adoré » commentait-elle à l’arrivée.

 

Et pendant que les grands couraient, une course réservée pour les enfants était organisée sous l’impulsion de la mairie de Saint-Jean-d’Arvey. Un parcours d’un km enchanteur autour du magnifique château privé de Saint-Jean-d’Arvey et son parc, gentiment mis à disposition par ses propriétaires. Le manque de communication cette année n’a malheureusement pas attiré les foules mais gageons que l’édition 2015 saura mieux exploiter cette demande toujours croissante des familles de faire courir leurs traileurs en culottes courtes. Et même si seulement 7 enfants avaient répondu présents à l’appel pour cette première expérience, ils ont eu la chance de bénéficier d’un échauffement collectif par l’entraîneur hors-pair de ski de fond, le célèbre Cyril Burdet. Actuellement coach de l’équipe de France de sprint de ski de fond, le Motterain s’accordait une escapade à Saint-Jean-d’Arvey pour courir avec ses enfants, avant de repartir pour deux semaines de stage dans le Val d’Aoste (Italie) et finaliser la préparation de ses champions qui vont bientôt entamer « la tournée du grand cirque blanc hivernal ». Une visite et initiative qui furent très appréciées !

 

Informations complémentaires sur le mont Peney : (Wikipédia)

Le mont Peney est un sommet des Bauges culminant à 1 356 m d’altitude, au sud-est du Nivolet et au nord-est de Chambéry en Savoie.

Sa face sud est une falaise aux parois calcaires d’environ 200 mètres au plus haut, dominant la commune de Saint-Jean-d’Arvey. À son pied se situe notamment la commune de Saint-Alban-Leysse. Cette falaise comporte des grottes dans lesquelles des restes de silex et un squelette humain du Néolithique ont d’ailleurs été retrouvés, tout comme des peintures rupestres datant de l’âge du bronze laissant témoigner d’une présence humaine ancienne dans cette partie des Bauges.

Sa face nord/nord-est, pour sa part, constitue un plateau couvert de forêt et de champs arborés. La Leysse passe à son pied, à travers la chute de la Doria.

Très convoité également pour ses randonnées, l’on peut y faire de la via ferrata, pour se rendre par exemple aux grottes ou au Nivolet.

Résultats/photos : http://www.trail-running-savoie.fr/resultats-photos-sangerun-16-11-14/


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