COMPTE RENDU DU BELIER / 26-08-12

GUILLAUME FONTAINE ET ALINE CAMBOULIVES AU-DESSUS DU LOT !

A n’en pas douter, le 27ème Bélier s’affiche comme l’un des meilleurs crus tant au niveau de l’affluence que des performances.

Les deux lauréats auront accompli des prestations de premier plan, facilitées par un bel ensoleillement et une température idéale (12° au départ à 9h30), même si l’ondée nocturne avait rendu quelque peu savonneuse la rude ascension initiale du Col des Mouilles.
Autre indice certifiant la qualité de cette édition, pas moins de sept athlètes se retrouvent sous les 2h, ce qui ne s’était plus observé depuis 2005 où huit compétiteurs avaient alors surmonté cette barre fatidique.
Pour la gent masculine, Guillaume Fontaine (La Foulée d’Annemasse et Team Socquet Sports), 34 ans, réalise en 1h49’02 le meilleur chrono depuis 2006, opus qui était tombé dans l’escarcelle du… même homme en 1h48’20 ! Un résultat d’autant plus significatif  qu’entre temps bon nombre de coureurs n’ont pu faire mieux et non des moindres : Alain Bohart, Emmanuel Meyssat, Ludovic Pellé, Hassan Chahdi, Billy Burns, Martin Cox
En réalité, nul n’est vraiment surpris par sa victoire tant cette saison est marquée de son empreinte. S’il n’abuse pas de compétitions, il ne déçoit jamais lorsqu’il épingle le dossard à l’instar du Cross du Mont-Blanc (3ème) et de la Montée du Nid d’Aigle (1er en bonifiant son chrono d’1’29 par rapport à 2011). Et le 29 juillet, en finissant 6ème sur les Crêtes du Soulor à Arrens-Marsous (Hautes-Pyrénées), il manquait pour une place sa sélection dans l’équipe nationale en vue des Mondiaux se tenant le 2 septembre en Italie. A l’image de 2004, lors des France à Annemasse, où une 5ème position et 11 microscopiques secondes l’avaient malencontreusement écarté de l’escouade tricolore.
Sur sa lancée, il s’alignera ce 9 septembre sur l’Ancilivienne avec le talentueux leader de la fratrie Gachet, en clair Jérémie. Le binôme ne vise qu’un objectif : défaire le vieux record de 2004, propriété des triathlètes Emmanuel Sanchez et Frédéric Bailleux en 2h17’52. La gageure n’est pas insurmontable, au regard bien sûr de son état de forme, au regard également de ses morceaux de bravoure survenus dans le passé sur ce run and bike. A l’exemple de 2009 (2h19’53 en compagnie de Bastien Gachet, soit le 3ème chrono du palmarès de cette épreuve), ou encore de 2005 (2h29’14 avec la triathlète Isabelle Mare, soit le 1er chrono mixte sur les 27 épisodes).

Camboulives sur une autre planète
Mais de toute évidence, la prouesse du jour est à mettre à l’actif d’Aline Camboulives (Athlé Saint-Julien 74, Teams Brooks et Sport 2000 Pays Rochois), 39 ans, qui se permet le luxe d’abattre le temps étalon pour la seconde fois en… deux participations consécutives, franchissant ainsi la ligne en 2h07’11 ! Parallèlement, elle accroche le 14ème rang au scratch, ce qui ne s’était encore jamais vu pour une dame à La Clusaz.
Ce qui n’émeut pas outre mesure certains commentateurs qui préfèrent en effet se voiler les yeux. Comprenne qui pourra…
A vrai dire, elle ne fait que conforter son statut de meilleure Hexagonale sur ce type de distance et de profil. A savoir des longueurs n’excédant pas la quarantaine de km et des parcours partiellement roulants, sans soucis d’appui et dépourvus de technicité, en particulier dans les descentes (à l’instar des chemins 4×4).
Son record qu’elle hisse à 2h07’11 semble inexpugnable. En vérité, ce coup d’éclat est à l’avenant de ses éblouissantes performances enregistrées depuis un peu plus d’un an :
– 2011 : 3ème aux Championnats de France des courses en montagne (7 août) ; 2ème à Sierre-Zinal (14 août) ; 1ère au Bélier (28 août, record de l’épreuve en 2h09’22) ; 1ère au Marathon de la Jungfrau (10 septembre) ; 1ère à la Grimpée du Pays Rochois (25 septembre, chrono en 55’01, soit à 1’’ de son propre record remontant à 2008).
– 2012 : 1ère au 34km de l’Ardéchois (29 avril) ; victorieuse à la Montée Sallanches-Varan (13 mai, record de l’épreuve en 1h16’08) ; couronnée aux France de montagne (27 mai) ; 2ème à la Montée du Ventoux (10 juin) ; 1ère au 12,2km de la Salomon Bandol Classic (16 juin, record de l’épreuve en 49’01) ; 2ème au Marathon de Zermatt (7 juillet) ; 3ème à Thyon-Dixence (5 août) ; 1ère à Sierre-Zinal (12 août, chrono en 3h02’58, soit le 8ème en 39 épisodes).
Sur la route, ses faits d’armes sont du même acabit. Le 20 novembre dernier, elle était devenue championne de France de marathon en 2h38’42 (4ème perf française en 2011). Avant cela, elle avait battu ses marques personnelles sur 10km le 9 octobre (35’47 à Romans-sur-Isère) et semi le 23 octobre (1h15’54 aux France de Bois-Guillaume), puis briller le 30 octobre sur la Classique Internationale Marseille-Cassis (5ème et 1ère Française en 1h16’18).
Marques qu’elle s’empressera d’effacer quelques mois plus tard, réalisant 35’32 sur 10km le 1er avril aux France de Roanne et 1h15’49 sur semi le 6 mai à Genève (à ce jour, 4ème perf française en 2012).
Prochaine échéance qui est l’objectif numéro un de sa saison : le 20ème Marathon de la Jungfrau, ce samedi 8 septembre, servant de Championnat du Monde de course de montagne longue distance. Ensuite, elle entamera une autre préparation en vue de gommer une nouvelle fois ses temps référence sur semi et surtout sur marathon (2h37’19 à Paris 2008) où elle visera les 2h35, et ce à l’occasion des France, respectivement le 7 octobre à Nancy et 4 novembre à Nice-Cannes.

Limpidité du scénario
Les amateurs de sensations fortes en auront été pour leurs frais ! Excepté le formidable choc entre El Houssine Mouzoun et Alain Gillet pour la seconde marche du podium, la trame ne renferma aucun rebondissement pour le jackpot, les deux récipiendaires dominant outrageusement leur sujet.
S’attaquant secrètement au record du Colombien Francisco Sanchez Martinez (1h47’17 en 1993), Fontaine imposa sans coup férir le tempo que parvenaient à suivre non sans mal, outre Mouzoun et Gillet, les Ligériens Cyrille Hanriot et Ludovic Pellé. Placidement, le Normand de souche attendit la dégringolade plongeant sur le Lac des Confins pour porter l’estocade, mettant ainsi un terme au bal des prétendants.
Caressant toujours le rêve de faire tomber le temps étalon, il accentua par la même occasion son avance sur le tandem Mouzoun-Gillet, tout compte fait les seuls à lui offrir une résistance héroïque. D’une trentaine de secondes au premier ravitaillement installé au km7,5, l’écart doubla sur la route grimpant au Col des Aravis avant de se stabiliser place de l’église, à 2’22 vis-à-vis du Marocain et à 2’49 concernant l’Evianais.
Le trône hors d’atteinte, c’est dans la rampe finale accédant au Plateau de Beauregard que les deux outsiders qui ne s’étaient pas quittés d’une semelle décidèrent de croiser le fer. Au faîte du parcours à 1610m (km23), la messe était dite, Mouzoun reléguant Gillet à 150m.
Chez les dames, Camboulives imitait son alter ego masculin en prenant un départ canon. Aucune de ses rivales ne devait la revoir, pas même les Céline Lafaye et autre Stéphanie Duc, pourtant reines du Trail Tour National court depuis son irruption en 2009. D’une minute aux Confins, la marge avec Céline, future dauphine, passa à 3’30 sur la chaussée du Col des Aravis avant de culminer à 6’ à La Clusaz. Quant à Stéphanie, 3ème, elle était devancée de 10’15 (pointée à 5’ d’Aline sur la route des Aravis). C’est ce qu’on appelle une hégémonie.
Sinon, hormis les deux vainqueurs, on observera les excellentes prestations de :
– El Houssine Mouzoun, de nouveau second, en 1h51’24, après l’avoir été deux ans plus tôt… officieusement, ayant omis alors de s’inscrire dans le temps imparti. Mais sa perf 2012 est d’un calibre supérieur, le pensionnaire d’Arve Athlétisme Bonneville Pays Rochois gagnant 5’ environ. Agé de 23 ans, il fait ainsi étalage de sa remarquable polyvalence, brillant pareillement sur tartan, terrain gras et bitume (marques en 1h10’45 sur semi et 31’44 sur 10km).
– Alain Gillet, 3ème en 1h51’51, soit sa plus belle édition sur les sept concourues (anciennement 1h54’21 en 2006). Une prouesse qui ne fait que traduire une saison très prometteuse comme l’indiquent ses résultats sur les épreuves à portée nationale ou internationale : 8ème aux France de montagne, 2ème à la Montée du Nid d’Aigle, 11ème aux Dolomites Sky Race, 10ème aux Crêtes du Soulor, 27ème à Sierre-Zinal en 2h53’51, 5ème à Ovronnaz-Cabane Rambert en 1h02’58. Sur les compétitions à caractère départemental, il écrase quasiment toute concurrence : triple succès sur la Monte et Sue, la Grimpée du Laudon et celle du Môle, 2ème sur la Montée Sallanches-Varan.
– Cyrille Hanriot, 4ème en 1h53’23. Eh bien quelle résurrection suite à son interminable blessure au tendon d’Achille contractée le 5 avril… 2011 au surlendemain de son triomphe sur le 18km du Trail des Glaisins ! Après avoir glané la 5ème place sur le Cross du Mont-Blanc, il manque, pour seulement 1’45, d’égaler son meilleur temps au Bélier accompli en 2008.
– Jérémie Gachet, 5ème en 1h53’39. A l’image de Gillet, lui aussi établit son nouveau record (auparavant 1h55’47 en 2006), après s’être rendu dans les Aravis à six reprises si l’on tient compte du millésime 2004 qui le voit finir 2ème dépourvu de… dossard, et ce pour la même raison que Mouzoun en 2010. Comme à l’accoutumée, il revient très fort en fin de course.
– Les inoxydables vétérans Benoît Nave, 10ème en 2h03’55, et Gilles Farina, 20ème en 2h11’40, qui trustent une énième fois leur catégorie d’âge, celle respectivement des quadras et quinquas.
Axelle Mollaret, 4ème en 2h30’52. Coup d’essai, coup de maître pour celle qui ne s’était encore jamais alignée sur une distance aussi longue si on exclut les Glaisins 2009, disputés en toute décontraction avec deux amies du Club Alpin Français d’Annecy. Opportunément conseillée par son père Bruno qui l’accompagnait sur l’intégralité du parcours, la skieuse-alpiniste qui vient tout juste d’avoir 20 ans aura fait honneur cette saison à la course nature. En dehors du Km Vertical où elle excelle (vice-championne de France de Skyrunning à Manigod en attendant bientôt Nantaux et Fully), on l’aura également admirée sur le 10km de l’Aravis Trail (victorieuse) et surtout sur le Cross du Mont-Blanc (2ème en 2h29’20, à 9’04 de Stéphanie Duc).
Elsa Gallay, 5ème en 2h32’41. Celle qu’on n’attendait pas à pareil rang, supplantant Christiane Lacombe en personne (7ème en 2h35’23) ! Ayant vu le jour le 18 juillet 1989 et endossant les couleurs de Corathônes, elle monte tout doucement en puissance. Preuve en est quelques-unes de ses prestations 2012 : 9ème sur la Grimpée du Semnoz en 1h31’47, 2ème sur le 10km de l’Aravis Trail, 7ème sur le Cross du Mont-Blanc en 2h50’34.

Popularité inentamable
Intemporel Bélier qui aura pulvérisé le record de participation avec quelques 783 coureurs inscrits. Depuis longtemps, les cartes maîtresses en sont connues :
– Un droit d’inscription modeste (17 euros cette fois-ci), augmentant de façon modérée au fil des ans et qui est en totale adéquation avec l’extrême qualité des prestations offertes (en particulier massage, piscine, repas copieux).
– Un décor de carte postale mariant la montagne humaine des alpages et pessières à la montagne sauvage symbolisée par cette somptueuse citadelle calcaire que sont les Aravis.
– Un parcours accessible au plus grand nombre en raison d’un kilométrage (27) et d’une dénivelée raisonnable (1000m positifs et négatifs), de l’absence de technicité du tracé (à l’exception toutefois des descentes conduisant à la route du Col des Aravis et à la station mais qui sont assez brèves).
– Un parcours immuable en 27 ans d’existence, permettant aux trailers de se jauger au fil des éditions, ce qui est peu banal par les temps qui courent !
Au final, le type même de trail courte distance comme on les aime et qui draine un public de plus en plus large, surreprésentant les femmes et les néophytes ainsi que les athlètes réfractaires aux majorations incessantes que subissent de nos jours moult courses nature. Puisse certains organisateurs en tirer la leçon…

François Vanlaton


RESULTATS :

Ils figurent sur le site Web du Club des Sports de La Clusaz :

Scratch :
http://www.lebelier-laclusaz.com/upload/wysiwyg/classement%20scratch%20CORRIGE_1.pdf

– Femmes puis Hommes :
http://www.lebelier-laclusaz.com/upload/wysiwyg/classement%20scratch%20par%20sexe%20CORRIGE_2.pdf


PALMARES :

1986 :
– Julien Dragol en 1h56’08.
– Geneviève Blanchet en 2h44’44.

1987 :
– Julien Dragol en 2h00’36.
– Geneviève Blanchet en 2h51’06.

1988 :
– Thierry Gazan en 1h56’47.
– Marie Subot en 2h25’16.

1989 :
– Chaham El Maati (Maroc) en 1h51’39.
– Dominique Robert en 2h24’47.

1990 :
– Michel Humbert en 1h51’11.
– Dominique Robert en 2h19’12.

1991 :
– Chaham El Maati (Maroc) en 1h47’51.
– Christine Kling en 2h15’19.

1992 :
– Bruno Meynent en 1h49’14.
– Brigitte Eustache en 2h19’08.

1993 :
– Francisco Sanchez Martinez (Colombie) en 1h47’17, record de l’épreuve.
– Corinne Favre en 2h15’03.

1994 :
– Mohamed Youkmane (Algérie) en 1h54’57.
– Geneviève Blanchet en 2h31’43.

1995 :
– Mohamed Youkmane (Algérie) en 1h52’18.
– Christiane Lacombe-Ballancet en 2h28’08.

1996 :
– Vincent Vittoz en 1h55’23.
– Béatrice Piolat en 2h39’13.

1997 :
– Sylvain Richard en 1h49’37.
– Brigitte Eustache en 2h17’16.

1998 :
– Jérôme Galop en 2h00’02.
– Olga Francon en 2h28’52.

1999 :
– Jean-Christophe Dupont en 1h48’32.
– Brigitte Eustache en 2h16’53.

2000 (400 classés dont 43 femmes) :
– Sylvain Richard en 1h54’31.
– Françoise Guidini, 31ème au scratch, en 2h20’24.

2001 (358 classés dont 27 femmes) :
– Chaham El Maati (Maroc) en 1h47’35.
– Béatrice Piolat, 70ème au scratch, en 2h26’27.

2002 (295 classés dont 26 femmes) :
– Chaham El Maati (Maroc) en 1h48’51.
– Céline Lafaye, 54ème au scratch, en 2h27’12.

2003 (459 inscrits, 427 classés dont 55 femmes) :
– Chaham El Maati (Maroc) en 1h52’58.
– Svetlana Netchaeva (Russie), 25ème au scratch, en 2h15’25.

2004 (393 inscrits, 370 classés dont 36 femmes) :
– Thierry Icart en 1h56’27.
– Véra Soukhova (Russie), 16ème au scratch, en 2h11’36.

2005 (412 inscrits, 374 classés dont 45 femmes) :
– Chaham El Maati (Maroc) en 1h48’46.
– Céline Lafaye, 32ème au scratch, en 2h16’22.

2006 (397 inscrits, 359 classés dont 38 femmes) :
– Guillaume Fontaine en 1h48’20.
– Céline Lafaye, 31ème au scratch, en 2h16’09.

2007 (458 inscrits, 417 classés dont 57 femmes) :
– Alain Bohard en 1h55’55.
– Ingrid Terrier, 36ème au scratch, en 2h26’01.

2008 (635 inscrits, 579 classés dont 103 femmes) :
– Emmanuel Meyssat en 1h50’56.
– Céline Lafaye, 37ème au scratch, en 2h20’15.

2009 (708 inscrits, 637 classés dont 106 femmes) :
– Ludovic Pellé en 1h54’49.
– Céline Lafaye, 22ème au scratch, en 2h18’02.

2010 (509 inscrits, 481 classés dont 60 femmes) :
– Billy Burns (Angleterre) en 1h49’15.
– Stéphanie Duc, 29ème au scratch, en 2h17’15.

2011 (677 inscrits, 622 classés dont 101 femmes) :
– Billy Burns (Angleterre) en 1h54’41.
– Aline Camboulives, 15ème au scratch, en 2h09’22.

2012 (783 inscrits, 687 classés dont 114 femmes, record de participation) :
– Guillaume Fontaine en 1h49’02.
– Aline Camboulives, 14ème au scratch, en 2h07’11, record de l’épreuve.

Résultats complets pour la période 2000-2012 :
Ils fécondent deux sites Internet :
– « Courir 74 » pour 2000 à 2002 puis 2004 :
http://www.courir74.com/resultats/
– Le Club des Sports de la Clusaz pour 2003 à 2012, excepté 2009, le lien ne fonctionnant plus :
http://www.lebelier-laclusaz.com/les-resultats/192/edition-2012.html

Commentaires :
Quelle profusion d’étoiles de la course en montagne dans ce palmarès qui dénote par moments le caractère national et même international du Bélier !
Ainsi, quatre étrangers masculins l’ont emporté à… onze reprises sur un total de vingt-sept éditions ! Il s’agit du Marocain Chaham El Maati (1989, 1991, 2001, 2002, 2003 et 2005), du Colombien Francisco Sanchez Martinez (1993), de l’Algérien Mohamed Youkmane (1994 et 1995), enfin de l’Anglais Billy Burns (2010 et 2011). Chez les filles, deux allochtones grimpent sur la plus haute marche du podium, à savoir les Russes Svetlana Netchaeva (2003) et Véra Soukhova (2004).
Côté français, pas moins de neuf athlètes ayant porté ou portent encore le maillot de l’équipe de France de course en montagne ont franchi… seize fois la ligne d’arrivée en vainqueur : Michel Humbert (1990), Sylvain Richard (1997 et 2000), Jean-Christophe Dupont (1999), Thierry Icart (2004), Guillaume Fontaine (2006 et 2012), Emmanuel Meyssat (2008), Ludovic Pellé (2009) ainsi que Céline Lafaye (2002, 2005, 2006, 2008 et 2009) et Aline Camboulives (2011 et 2012).
Enfin, n’occultons pas non plus les deux icônes de La Clusaz que sont Vincent Vittoz (équipe de France de ski de fond) et Christiane Lacombe (équipe de France de 100km) qui triomphent sur leurs propres terres, respectivement en 1996 et 1995. Ah, j’allais oublier cette personnalité hors norme, victorieuse en 1993, une certaine Corinne Favre qu’on ne… présente plus !
On est donc loin d’une épreuve à caractère régional comme l’écrivent encore certains observateurs pourtant avertis de la sphère de la course hors stade !

Braquons maintenant un petit coup de projecteur sur certains noms.
En détenant le temps référence du Bélier depuis 1993, Francisco Sanchez Martinez, né en 1967, donne une toute autre image, positive celle-là, de sa patrie qu’est la Colombie. Aux antipodes en effet d’un pays gangrené par la « violencia » depuis 1948, engendrée par les guérillas d’extrême gauche et les milices paramilitaires d’extrême droite, celles-ci avec la bénédiction de l’Etat, mêlés tous trois au narcotrafic.
Indubitablement, il aura été durant la décennie 1990-2000 l’un des plus redoutables coureurs de montagne au monde. Parmi ses plus belles actions d’éclat, citons :
– 3ème aux Championnats du Monde à Zermatt en 1991.
– 1er à Sierre-Zinal en 2h32’51 en 1991 et 2ème en 2h34’19 en 1993, soit respectivement les  9ème et 17ème chronos de l’histoire de cette prestigieuse manifestation.
– Recordman de la Course Ovronnaz-Cabane Rambert en 51’13 en 1991. A posteriori, Jonathan Wyatt, Alexis Gex-Fabry et autre Thierry Icart tenteront bien de mettre à bas cette perf mais s’y… casseront les dents.
Résidant dans la capitale Bogota au cœur de la Cordillère Orientale andine, de petite taille, peu ou prou ramassé, le teint cuivré du métis comme l’immense majorité des Colombiens, Francisco est d’une extrême gentillesse et d’une humilité désarmante.
En tout cas, sa marque sera désormais très difficile à annihiler, le Bélier étant situé à une date qui interdit, de droit ou de fait, aux meilleurs compétiteurs d’y participer en raison notamment des Championnats du Monde de course en montagne qui surgissent à l’orée de septembre (cette année le 2 en Italie). Par ailleurs, l’UTMB mobilise un certain nombre d’athlètes qui pourraient faire un tabac à La Clusaz, à l’instar bien sûr de Kilian Jornet Burgada.

Le Marocain Chaham El Maati, ayant vu le jour le 15 mars 1966, est quant à lui celui qui possède le plus grand nombre de victoires, en l’occurrence six (1989, 1991, 2001, 2002, 2003 et 2005). 2001 est sans doute celle qui lui laissera un goût amer, sinon inachevé, le Maghrébin manquant en effet pour 18’’ d’égaler le record de Sanchez. Ses 1h48’35 équivaudront cependant au 2ème temps de l’histoire du Bélier. Un de ses plus retentissants faits d’armes est sans conteste ses 2h10’51 réalisés le 4 octobre 1998 à l’occasion du Marathon de Lyon, de même que sa 1ère place au Marathon de la Jungfrau en 2001 en 2h56’36.

Autre personnalité à avoir arpenté les Aravis, l’Algérien Mohamed Youkmane, double lauréat en 1994 et 1995. Né le 8 septembre 1952, il est propriétaire des temps étalon du 25km pour son pays (1h17’25 le 19 juin 1989 à Sallanches) et du semi-marathon vétéran pour la France (1h03’12 le 4 octobre 1992 à Belfort). Sur 42km, il parvient au zénith le 23 avril 1989 à Lyon, en 2h14’42. Et le 15 août suivant, il remporte les France de montagne aux Arcs même s’il ne sera pas titré officiellement.

Pour terminer avec les hommes, c’est un sujet de Sa Gracieuse Majesté qui enleva les titres 2010 et 2011. Et pas n’importe lequel ! Billy Burns en personne, qui indubitablement aura été l’un des coureurs de montagne les plus accomplis du circuit mondial. En 15 ans de carrière, cette figure du vénérable Salford Harriers and Athletics Club, fondé en 1884 dans la conurbation du Grand Manchester, n’aura en effet jamais cessé de fertiliser son pedigree.
Sur les Championnats du Monde, il intégrera à six reprises le top 10, atteignant son acmé en 2001 où il décrocha le bronze en individuel et par équipe. Quatre ans auparavant, l’escouade britannique où il figurait finissait 3ème.
Sur les fameux marathons de montagne, il touchera le jackpot par trois fois au Marathon de Zermatt en 2003, 2005 (meilleur chrono en 3h04’19) et 2006, puis accaparera la 3ème place à celui de la Jungfrau en 2002 (meilleur chrono en 2h58’54), 2003, 2005 et 2006.
Cerise sur le gâteau, Sierre-Zinal tombera dans son escarcelle en 2000 avant de se classer 2ème en 2001 (meilleur chrono en 2h34’47) ainsi qu’en 2003, puis 3ème en 2004. Le 12 août dernier, il terminera encore 9ème et 2ème quadra en 2h43’38.
Pareillement, il excella sur l’asphalte comme l’attestent ses marques : 2h15’42 au Marathon de Londres en 2000 (sa plus « mauvaise » perf : 2h18’29 à Londres 2001), 1h04’19 au Semi de Londres en 2001, 29’34 au 10km de Salford en 2004.
Né le 13 décembre 1969 à Preston, au nord-ouest de l’Angleterre, il a gagné à compter de 1997 le Valais Central où il a épousé une autochtone. Aujourd’hui, il vit à Arbaz, village de 1100 âmes localisé à 10km de Sion, la capitale valaisanne.
Dans la vie active, Burns est pluriactif. Durant l’hiver et à l’orée du printemps, il bosse à deux pas de son domicile aux remontées mécaniques de la station d’Anzère (intégrant la commune d’Ayent dans les Alpes Bernoises). Puis de mai à juillet, on le retrouve paysagiste. Enfin, d’août à octobre, il se transmute en aide-géomètre.

Concernant la gent féminine, le millésime 2011 demeurera à jamais dans les annales, les deux premières abattant le temps référence de la Russe Véra Soukhova, porté en 2004 à 2h11’36. C’est seulement pour 9’’ qu’Aline Camboulives l’emportait sur Céline Lafaye, soit 2h09’22 contre 2h09’31, et ce à l’issue d’une extraordinaire joute jalonnée par d’incessants chassés croisés, la Saint-Juliénoise dominant dans les ascensions son émule favergienne qui, elle, comblait très vite son retard dans les descentes.
Exploit que l’ex-cycliste semi-professionnelle, née le 13 juillet 1973, renouvelait donc cette saison en progressant de 2’11. In fine, pas plus de deux participations lui auront suffi pour crever à ce point l’écran.
Quant à la protégée de Jean-Louis Bal, née le 9 décembre 1981, le Bélier jaillit d’abord comme un rituel incontournable. Comme en témoignent ses dix prestations, avec à la clef cinq succès, soit un chiffre inégalé (2002, 2005, 2006, 2008 et 2009), ainsi que cinq secondes places (2003, 2004, 2010, 2011 et 2012) !

Après s’être appropriée la marque en 2004, la Slave Véra Soukhova, née le 9 juillet 1963 et licenciée aujourd’hui à Athlétisme Lozère, tentera par deux fois de l’annihiler mais en vain. L’année suivante, elle se contentera d’être dauphine en 2h18’06 de l’intenable Lafaye. Enfin, en 2008, son ultime apparition à La Clusaz sonnera le glas de ses illusions, jetant l’éponge devant la déferlante dénommée… Lafaye.
Championne de Russie de marathon en 1991 en 2h30, elle performait tout autant sur le relief. Preuve en est ses performances à Sierre-Zinal en 2000 (meilleur classement : 3ème) et 2004 (meilleur chrono : 3h16’30).

Autre Russe à s’inviter au Bélier, la talentueuse Netchaeva Svetlana, née le 24 juillet 1961 à Moscou, qui décrocha la timbale en 2003 en 2h15’25. Elle présente le même profil que Soukhova. Avant tout marathonienne, elle n’en a pas moins éclaboussé de tout son talent la course de montagne. En attestent ses prestations à Sierre-Zinal : 1ère en 1988 (meilleur perf en 3h10’57), 2ème en 1999 et 2000 ; ainsi qu’au Marathon de la Jungfrau : 1ère en 1999 et 2000 (meilleur perf en 3h22’04), 2ème en 2004. En Savoie, elle est connue pour être la détentrice du temps étalon de la Montée du Fort du Mont (49’15 en 1998).

Remarquons aussi le doublé en 1989-1990 de la regrettée megévanne Dominique Robert, disparue à 46 ans le 10 juin 2003 sur la section canoë du 12ème Raid Gauloises, dans le Kirghistan. Une odyssée qu’elle prisait particulièrement pour l’avoir défiée à dix reprises (victoire en 1990, 3ème en 1995 et 1997). Par ailleurs, elle avait été membre de l’équipe nationale de ski de fond.

Un mot enfin sur Geneviève Blanchet, née le 7 juillet 1951, qui aura fait honneur à sa commune du Grand-Bornand, l’ancestrale rivale de La Clusaz, pour avoir été la première dame à toucher le jackpot. Elle fera ensuite tomber dans son escarcelle les crus 1987 et 1994. Quasiment une génération plus tard, elle cavale toujours avec le même plaisir, prenant part régulièrement au Challenge Oxygène des courses de montagne, et s’il vous plaît, comme V3 depuis 2011.
FV


STATISTIQUES SUR LES INSCRIPTIONS DES COUREURS ET MARCHEURS : UN SUCCES JAMAIS DEMENTI !

Les chiffres ci-dessous concernent les inscrits.
Notons également que le nombre de coureurs renferment aussi bien le Bélier que l’Agneau, ce dernier (13,5km pour 450m de dénivelée positive) subsistant de 1993 à 2002.

– 1986 : 96 coureurs, 107 randonneurs, 203 participants au total.
– 1987 : 117 coureurs, 202 randonneurs, 319 participants au total.
– 1988 : 205 coureurs, 298 randonneurs, 503 participants au total.
– 1989 : 168 coureurs, 29 vététistes, 305 randonneurs, 502 participants au total.
– 1990 : 173 coureurs, 64 vététistes, 395 randonneurs, 632 participants au total.
– 1991 : 258 coureurs, 85 vététistes, 482 randonneurs, 825 participants au total.
– 1992 : 278 coureurs, 165 vététistes, 669 randonneurs, 1112 participants au total.
– 1993 : 413 coureurs, 306 vététistes, 981 randonneurs, 1700 participants au total.
– 1994 : 359 coureurs, 346 vététistes, 1025 randonneurs, 1730 participants au total.
– 1995 : 442 coureurs, 322 vététistes, 1240 randonneurs, 2004 participants au total.
– 1996 : 430 coureurs, 318 vététistes, 1197 randonneurs, 1945 participants au total.
– 1997 : 584 coureurs, 289 vététistes, 1143 randonneurs, 2016 participants au total.
– 1998 : 535 coureurs, 246 vététistes, 1256 randonneurs, 2037 participants au total.
– 1999 : 537 coureurs, 189 vététistes, 1250 randonneurs, 1976 participants au total.
– 2000 : 615 coureurs, 1396 randonneurs, 2011 participants au total.
– 2001 : 618 coureurs, 1296 randonneurs, 1914 participants au total.
– 2002 : 482 coureurs, 1266 randonneurs, 1748 participants au total.
– 2003 : 459 coureurs, 1341 randonneurs, 1800 participants au total.
– 2004 : 393 coureurs, 1154 randonneurs, 1547 participants au total.
– 2005 : 412 coureurs, 1083 randonneurs, 1495 participants au total.
– 2006 : 397 coureurs, 1104 randonneurs, 1501 participants au total.
– 2007 : 458 coureurs, 1111 randonneurs, 1569 participants au total.
– 2008 : 635 coureurs, 1085 randonneurs, 1720 participants au total.
– 2009 : 708 coureurs, 1131 randonneurs, 1839 participants au total.
– 2010 : 509 coureurs, 1001 randonneurs, 1510 participants au total.
– 2011 : 677 coureurs, 1055 randonneurs, 1732 participants au total.
– 2012 : 783 coureurs, 1217 randonneurs, 2000 participants au total.


COMPTE RENDU DE L’EDITION 2011 :

Il se trouve sur notre site Internet « Trail-Running en Pays de Savoie/Ain » :
http://www.trail-running-savoie.fr/resultats-du-belier-28-08-11/


Un très grand merci pour les précieuses infos que j’ai pu récolter auprès de :
– Pierre Louis Zajac, correspondant au « Dauphiné Libéré » pour la course à pied dans le Pays du Mont-Blanc.
– Stéphane Vittoz, président du Club des Sports de La Clusaz et frère de Vincent.
FV

 

 


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